Quand un chien souffre, il ne crie pas, ne se plaint pas à voix haute. Il endure. Et trop souvent, ses maîtres ne le découvrent que lorsqu’il est trop tard. Pourtant, votre compagnon vous envoie des signes. Par des gestes, des regards, des postures, il communique sa douleur. Encore faut-il apprendre à les décrypter. Car oui, nos amis à quatre pattes peuvent ressentir des douleurs chroniques, articulaires, digestives ou émotionnelles et les masquer pendant longtemps. Cet article vous guide pas à pas pour reconnaître les symptômes de souffrance chez votre chien. Comprendre leur origine et surtout, agir pour l’aider.
Sommaire
Votre chien souffre-t-il vraiment en silence ? Est-ce possible ?
Contrairement aux idées reçues, les chiens ne sont pas des êtres fragiles qui se plaignent au moindre bobo. Bien au contraire. Par instinct de survie, ils cachent leur douleur. Montrer une faiblesse est perçu comme un danger, un risque de rejet du groupe. Résultat : un chien souffre souvent sans en avoir l’air. C’est au maître d’être attentif aux moindres changements de comportement.
Même si la souffrance est bien présente, elle se manifeste souvent par des signes indirects. Fatigue accrue, perte d’intérêt, modification de l’humeur ou des habitudes. Un chien qui ne saute plus pour accueillir son maître. Qui ne veut plus sortir jouer. Qui ne réclame plus sa gamelle n’est pas simplement « calme ». Il exprime quelque chose. Ces signaux doivent toujours être pris au sérieux.
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Changements de comportement : le premier langage de la douleur
La plupart des douleurs chez le chien s’expriment d’abord par des modifications comportementales. Un chien habituellement sociable peut soudain s’isoler, chercher à rester seul, éviter le contact visuel ou physique. À l’inverse, certains deviennent hyperattachés, suivant leur maître partout, gémissant pour attirer l’attention. Ces comportements ne sont pas anodins.
L’agitation est un autre signe fréquent. Votre chien tourne en rond, change sans cesse de position, halète anormalement ou semble ne jamais trouver une posture confortable ? Soyez en alerte. Tout cela exprime souvent un inconfort, voire une douleur aiguë. À cela s’ajoutent parfois des troubles du sommeil, des réveils brusques ou des aboiements inhabituels la nuit.
Certains chiens adoptent également un comportement d’auto-apaisement, comme le léchage compulsif d’une patte ou d’un flanc. Si ces gestes sont répétés, sans lien avec un toilettage normal, cela peut indiquer une douleur localisée ou un stress profond.
Les signaux physiques : quand le corps parle
En plus des comportements, le corps du chien émet de nombreux signaux de souffrance. La fameuse « position du prieur » est typique d’un mal de ventre ou de douleurs dorsales. Alors, si votre compagnon s’étire souvent vers l’avant avec les pattes tendues et l’arrière-train levé, il s’agit d’un réflexe pour soulager la pression sur l’abdomen.
Un chien qui gémit ou couine sans raison apparente peut lui aussi souffrir. Ces vocalisations sont parfois discrètes, presque inaudibles, mais elles trahissent un malaise réel. Il faut aussi être attentif aux grognements inhabituels. Surtout lorsqu’ils surviennent au moment où on le touche ou qu’on l’approche d’une zone douloureuse.
Les difficultés à se lever ou à se coucher sont un autre indicateur important. Si votre chien semble raide, hésite à s’allonger, grimace ou pousse un petit cri en se redressant, cela peut trahir des douleurs articulaires ou musculaires. C’est fréquent chez les chiens âgés, mais cela peut toucher tous les âges.
Le regard aussi peut changer. Un chien qui souffre a souvent les pupilles dilatées, les yeux plissés, ou un regard fuyant. Son visage peut se tendre, ses oreilles se rabattre vers l’arrière. Tous ces signaux sont autant de cris silencieux.
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L’abdomen, source fréquente de douleurs
Les douleurs digestives sont parmi les plus fréquentes et les plus difficiles à repérer. Un chien qui souffre du ventre peut se montrer prostré, refuser de manger, vomir ou avoir des selles molles, voire diarrhéiques. Son abdomen peut devenir dur au toucher. Une simple pression peut provoquer des gémissements ou une réaction de recul.
Certains chiens atteints de gastro-entérite, de pancréatite ou d’affections hépatiques présentent aussi une baisse d’énergie. Cela peut s’accompagner d’une hypersalivation, voire une posture arquée. Si vous remarquez ces signes, il est important de consulter un vétérinaire rapidement. En effet, certaines de ces affections peuvent être graves voire fatales si elles ne sont pas prises en charge à temps.
Arthrose, torticolis, boitements : des douleurs mécaniques à surveiller
Chez les chiens âgés ou de grande taille, les douleurs articulaires sont monnaie courante. L’arthrose, en particulier, se manifeste par une raideur au lever. Il pourrait aussi avoir une difficulté à monter les escaliers ou une baisse d’activité. Toutefois, elle peut aussi toucher des chiens plus jeunes, suite à un traumatisme ou une prédisposition génétique.
Le torticolis canin est plus rare, mais existe. Il se manifeste par une inclinaison anormale de la tête, des mouvements réduits du cou et parfois une perte d’équilibre. Ces symptômes peuvent être liés à des problèmes musculaires, vertébraux ou neurologiques. Là encore, l’avis d’un vétérinaire est indispensable.
Enfin, tout boitement ou modification de la démarche, même légère, doivent être pris au sérieux. Elle peut traduire une entorse, une blessure, une épine sous la patte ou une inflammation plus profonde.
Le chien diabétique : souffrance diffuse, souvent négligée
Le diabète est une maladie chronique encore trop peu détectée chez le chien alors qu’elle progresse régulièrement. Il concerne principalement les chiens âgés de plus de 6 ans. On estime qu’environ 1 chien sur 200 est concerné par cette maladie.
Elle se manifeste par une soif excessive, une envie fréquente d’uriner, une perte de poids et une fatigue générale. Si elle n’est pas prise en charge, elle peut entraîner des douleurs abdominales diffuses, des infections urinaires ou des complications graves comme la cétose.
Un chien qui souffre du diabète ne se plaint pas forcément. Il va simplement changer ses habitudes, devenir plus léthargique, manger moins ou montrer une fragilité nouvelle. C’est pourquoi il est important de ne pas banaliser ces petits changements et de faire réaliser un bilan sanguin régulier. Soyez plus prévenant surtout si votre compagnon est en surpoids ou si sa race en est prédisposée, comme le cocker.
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Comment réagir face à un chien qui souffre ?
La première règle est claire : ne jamais pratiquer l’automédication. Donner du paracétamol ou de l’ibuprofène à un chien est dangereux, voire mortel. Ces substances sont toxiques pour son foie, ses reins et son système digestif. Si vous pensez que votre chien a mal, consultez un vétérinaire, même pour un symptôme mineur.
Le vétérinaire pourra poser un diagnostic à travers un examen clinique, des analyses ou des imageries médicales. Une fois la cause identifiée, il proposera un traitement adapté : antidouleurs, anti-inflammatoires, soins complémentaires ou changements d’alimentation.
Dans certains cas, des compléments naturels peuvent être proposés. Glucosamine pour les articulations, oméga-3 pour l’inflammation, curcuma ou mélatonine pour le sommeil et le confort. Attention toutefois à bien doser et à demander un avis professionnel.
Il peut aussi être utile d’adapter l’environnement de votre chien : panier plus moelleux, rampe d’accès, gamelles surélevées, tapis antidérapants. Ces petits ajustements peuvent avoir un grand impact sur son confort quotidien.
Les signes de fin de vie : savoir reconnaître l’inéluctable et agir par conséquent
Quand un chien souffre en fin de vie, les signes sont souvent plus évidents, mais toujours difficiles à accepter. Il peut perdre totalement l’appétit, refuser de boire, se cacher, ne plus répondre à vos appels. Sa respiration peut devenir irrégulière, il peut avoir du mal à se tenir debout ou à bouger.
Des vomissements, des saignements ou des cris peuvent survenir dans les derniers jours. Ces signes ne signifient pas forcément que la mort est immédiate. Ils indiquent toutefois un état de souffrance important. À ce stade, le dialogue avec votre vétérinaire est crucial pour envisager une solution digne et respectueuse du bien-être de votre animal.
Les soins palliatifs existent aussi pour les chiens : médicaments, perfusions, soutien nutritionnel ou simplement présence apaisante. Il est essentiel de ne pas le laisser seul face à sa douleur.
Soyez l’avocat silencieux de votre chien
Un chien souffre rarement sans raison. Il ne vous dira pas « j’ai mal », mais il vous le montrera, si vous êtes attentif. Les signes peuvent être subtils, mais ils existent. En tant que maître, votre rôle est de comprendre ce langage du corps, de ne pas attendre que la situation empire, et d’agir selon la situation.
Écoutez-le. Observez-le. Et surtout, aimez-le, même quand il ne peut plus sauter dans vos bras comme avant. Parce qu’un chien ne demande pas grand-chose. Juste qu’on veille sur lui quand il souffre.
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