Vous avez beau vous laver les mains, détartrer vos dents ou vaporiser des répulsifs anti-tiques… rien n’y fait. Si vous êtes un être vivant, vous avez, ou vous avez eu, des parasites. C’est une règle biologique aussi vieille que la vie elle-même. Que vous soyez une fourmi, un chien, une vache ou un humain moderne à lunettes et téléphone dernier cri, vous n’échapperez pas à ces colocataires non invités.
Mais pourquoi cette présence est-elle si universelle ? Et surtout, est-elle forcément néfaste ? Car derrière la répulsion instinctive que nous inspirent puces, vers et acariens, se cache un écosystème bien plus complexe, parfois même… bénéfique.
Sommaire
🦇 Le parasitisme, une stratégie de survie ?
Dans la nature, il existe plusieurs façons de survivre. Certains chassent. D’autres fuient. Et puis il y a ceux qui exploitent les autres pour vivre. Les parasites sont les champions de cette stratégie. Ils ne tuent pas leur hôte, ou pas tout de suite, car leur survie en dépend. Leur objectif est d’en tirer un maximum de ressources, discrètement, durablement.
C’est pour cela que presque toutes les espèces animales connues sont infestées, à un moment ou un autre de leur vie, par des parasites. Les études de l’Université de l’Arizona estiment que plus de 70 % des espèces vivantes sur Terre pourraient être parasites. Oui, la majorité du vivant. C’est un système d’une efficacité redoutable.
🐈 Des puces sur tous les poils d’animaux
Prenons un exemple concret : les puces. Ces petits insectes hématophages, capables de sauter 100 fois leur taille, se nourrissent du sang de leurs hôtes. Elles infestent les chiens, les chats, les lapins, les renards, les hérissons… et parfois nous, les humains. La plupart des mammifères en sont porteurs à l’état sauvage.
Mais le plus fascinant, c’est que ces puces ne sont pas interchangeables. Il existe des dizaines d’espèces de puces spécialisées : puce du chien, puce du rat, puce de l’homme (Pulex irritans)… et chaque espèce est parfaitement adaptée à son hôte préféré.
Cette coévolution est une danse millénaire. Les parasites évoluent avec leurs hôtes, s’adaptent à leurs défenses, exploitent leurs faiblesses. On est bien loin de l’idée d’un accident.
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Et dans vos cheveux, alors ?
Si vous pensez que l’humain moderne a échappé à tout ça, détrompez-vous. Nous avons nos propres envahisseurs, intimes jusqu’à la racine. Les poux, par exemple. Ces insectes minuscules colonisent nos cheveux depuis des millénaires.
On en retrouve même des traces dans les momies égyptiennes. Ils pondent leurs œufs, les fameuses lentes, au plus près du cuir chevelu, là où la chaleur est stable.
Les mouches, aussi, ne sont pas en reste. Certaines espèces pondent directement dans la peau ou les plaies ouvertes de mammifères. Dans les régions tropicales, les myiases, infections dues à ces larves, peuvent toucher chiens, vaches, mais aussi humains.
En France, c’est plus rare, mais certains voyageurs en ont fait les frais. L’idée de mouches vivant dans la tête ou sous la peau fait frissonner. Et pourtant, c’est la norme du vivant, pas l’exception.
Même nos cils peuvent abriter des locataires. Les acariens Demodex folliculorum, invisibles à l’œil nu, vivent sur nos follicules pileux. La plupart des gens en ont, sans le savoir. Ils se nourrissent de sébum et ne posent problème que lorsqu’ils prolifèrent. Nous sommes un écosystème à nous seuls.
🐦⬛ Parasites, mais pas toujours nuisibles
On associe souvent parasite à maladie, souffrance, danger. Mais ce n’est pas si simple. Certaines relations parasite-hôte sont quasi-symbiotiques. Par exemple, certains vers intestinaux, présents depuis des millions d’années dans les intestins humains, pourraient jouer un rôle dans la régulation du système immunitaire.
Des chercheurs ont même étudié leur capacité à prévenir certaines allergies ou maladies auto-immunes, en “calmant” notre réponse immunitaire excessive.
Autre exemple : certaines espèces de poissons accueillent volontairement des petits crustacés parasites dans leurs branchies. Ce n’est pas qu’ils aiment ça, mais plutôt que le coût est faible… et que l’alternative, des parasites pires encore, serait plus dangereuse.
C’est un compromis biologique. Comme certaines mouches sur les chevaux par exemple qui viennent manger les poussières et acariens. Elles nettoient le cheval tandis qu’il leur offre à manger.
➡️ La frontière entre parasitisme, mutualisme et commensalisme est floue. Tout dépend du contexte, de la durée, de l’équilibre. Et dans certains cas, le parasite devient un partenaire à part entière.
🐎 Une guerre silencieuse permanente
Cela dit, ne tombons pas dans l’idéalisation. La plupart du temps, les parasites affaiblissent. Ils volent de l’énergie, provoquent des inflammations, réduisent la fertilité ou augmentent la vulnérabilité aux infections.
Chez certains oiseaux, un simple ver intestinal peut faire chuter la capacité de vol de moitié. Chez l’humain, la bilharziose, le paludisme ou la toxoplasmose sont provoqués par des parasites microscopiques… mais capables de tuer.
Ce combat permanent façonne l’évolution. Il pousse les espèces à renforcer leurs défenses immunitaires, à modifier leur comportement, à changer d’habitat. On parle même de coévolution antagoniste : chaque adaptation de l’hôte entraîne une contre-adaptation du parasite. C’est une course sans fin.
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🐛 Une biodiversité cachée, mais centrale pour les animaux et les autres
Les parasites sont souvent absents des discours sur la biodiversité. Trop gênants. Trop sales. Pourtant, ils sont essentiels à l’équilibre des écosystèmes. Ils limitent les populations dominantes, recyclent des matières organiques, participent à la sélection naturelle. Si on les fait disparaître totalement, c’est tout l’écosystème qui se dérègle.
Certains biologistes militent aujourd’hui pour une “conservation des parasites”. Oui, vous avez bien lu. Car en éliminant les hôtes (par exemple les grands mammifères), on fait aussi disparaître les espèces parasitaires associées. Et on perd ainsi des milliers d’interactions biologiques invisibles mais essentielles.
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