Bienvenue en Transylvanie, terre de brume et de mythes, où les frontières entre le réel et le surnaturel se brouillent à chaque pas. À quelques kilomètres de Cluj-Napoca, une forêt semble défier les lois de la nature et de la raison : Hoia-Baciu, souvent surnommée la forêt la plus hantée du monde.
On l’appelle aussi le Triangle des Bermudes de Roumanie. Un endroit où les boussoles s’affolent, les appareils s’éteignent, et où certains jurent avoir vu des lumières venues d’ailleurs. D’autres, plus terre à terre, parlent simplement d’un lieu qui a trop d’histoires pour être innocent.
Le « guide des ombres » au travers de la forêt hantée Hoia-Baciu
La nuit est tombée sur les collines transylvaniennes. Marius Lazin, guide local qui s’est exprimé ici, s’avance lampe torche à la main. Cela fait douze ans qu’il emmène les curieux dans ces bois tordus. Et même après tout ce temps, il garde cette lueur inquiète dans les yeux.
« Beaucoup sont entrés ici et n’en sont jamais ressortis », glisse-t-il dans un souffle d’humour, avant d’ajouter avec un sourire : « Mais nos visites ont un taux de retour de 100 % ».
Sous la lumière vacillante, les hêtres et les ormes semblent se plier sur eux-mêmes, formant des arches étranges, presque symétriques, comme des portails oubliés.
Les arbres se tordent, s’enroulent, s’effondrent, dessinant des formes humaines, animales ou… démoniaques, selon l’imagination du visiteur.
Une légende vieille de plusieurs siècles
La forêt tire son nom d’un berger disparu avec son troupeau de 200 moutons. Depuis, les disparitions se sont enchaînées, entrecoupées d’apparitions inexpliquées. Mais c’est en 1968 qu’Hoia-Baciu devient une légende mondiale.
Un technicien militaire, Emil Barnea, photographie alors un OVNI planant au-dessus d’une clairière parfaitement circulaire. Les clichés, granuleux mais fascinants, font le tour du monde.
Emil Barnea perd son poste (les autorités communistes n’appréciant guère les histoires d’extraterrestres) et la forêt devient un aimant pour les ufologues, chamans et chercheurs du paranormal.
Depuis, cette clairière, surnommée le cœur d’Hoia-Baciu, attire des centaines de visiteurs chaque année. Certains y viennent avec des détecteurs de champs électromagnétiques, d’autres avec des caméras infrarouges. Tous repartent avec la même impression : quelque chose se passe ici… mais quoi, personne ne peut le dire.
Chuchotements et cicatrices invisibles dans la forêt hantée ?
Les récits varient, mais l’atmosphère reste la même : oppressante, vibrante, presque électrique. Des randonneurs affirment entendre des voix désincarnées, sentir des mains invisibles les agripper, ou voir leur peau se couvrir de brûlures soudaines.
D’autres parlent d’une fillette disparue cinq ans, revenue un jour sans avoir vieilli, ses vêtements intacts. Difficile à vérifier, mais dans un pays où le folklore flirte depuis toujours avec la réalité, rien ne paraît totalement impossible.
Les scientifiques ont tenté d’expliquer les anomalies : radioactivité naturelle, champ magnétique, ou simples illusions collectives. Pourtant, aucune théorie ne tient vraiment face à ces arbres qui poussent en spirale, à ces zones sans végétation, à cette énergie qu’on ressent plus qu’on ne mesure.

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Une forêt entre deux mondes ?
Hoia-Baciu, c’est aussi un champ de bataille entre modernité et mystère. À l’ouest, Cluj-Napoca, capitale technologique roumaine, grignote peu à peu la forêt. Les promoteurs veulent y construire. Les défenseurs, eux, se battent pour en faire un site protégé.
Le projet mené par Marius, sobrement baptisé Projet Hoia-Baciu, cherche à sauver le lieu par le tourisme mystique : randonnées, séances de yoga, escape games, et même du camping pour les plus courageux. Ironie du sort : le meilleur moyen de préserver la forêt la plus hantée du monde, c’est peut-être d’y attirer encore plus de monde.
Entre Dracula et réalité déformée
Difficile d’évoquer la Transylvanie sans parler de son autre mythe : Dracula. À quelques heures de route, le château de Bran trône sur les Carpates comme une carte postale gothique. Les touristes s’y pressent chaque Halloween, cherchant des vampires là où il n’y a que du commerce.
Mais Hoia-Baciu, elle, n’a pas besoin de mise en scène. Son aura tient à cette étrange authenticité du mystère, à ce mélange d’histoire, de science et de superstition qui caractérise la région.
La Transylvanie, littéralement « le pays au-delà de la forêt », porte bien son nom. Et Hoia-Baciu en est la parfaite incarnation : un miroir tordu de l’imagination humaine, un lieu où les ombres bougent un peu trop vite, où la logique perd pied, et où chacun, au fond, voit ce qu’il veut voir.
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