La solitude. Ce mot a longtemps évoqué la peur de l’abandon, le sentiment de vide ou la marginalité. Pourtant, de nos jours, il semble que de plus en plus de personnes la recherchent activement.
Vivre seul n’est plus perçu comme un échec social, mais parfois comme un luxe ou même une nécessité. Alors, pourquoi cette tendance ?
Une société qui valorise l’individualisme ?
Depuis plusieurs décennies, l’individualisme s’est imposé comme une valeur centrale dans nos sociétés modernes (du moins en Europe, beaucoup moins en Asie). La quête d’autonomie et de réalisation personnelle prime souvent sur les relations collectives.
Les normes sociales qui encourageaient autrefois le mariage et la cohabitation se sont peu à peu associées, laissant place à une liberté accumulée dans le choix de son mode de vie.
Les études sociologiques, comme celles de Jean-Claude Kaufmann, montrent que l’individu moderne aspire à un contrôle total de son espace et de son temps. La vie en solitaire devient alors une manière de préserver cette autonomie, loin des compromis nécessaires à la vie de couple ou en famille.
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L’essor de nouvelles habitudes de vie, une partie de la réponse
Le développement technologique a également modifié nos interactions. Internet, les réseaux sociaux et les outils de communication permettent aujourd’hui de maintenir un lien social tout en restant physiquement seul.
Paradoxalement, il est possible d’être connecté au monde tout en vivant dans un isolement choisi.
Certains y voient une manière de réduire les pressions sociales. Les sollicitations permanentes, l’agitation de la vie urbaine, ou encore la surcharge cognitive liée aux attentes professionnelles poussent à rechercher un refuge.
Cet espace personnel devient un sanctuaire où l’on peut se recentrer sur soi-même, loin des intrusions du quotidien. Dans un monde hyperconnecté, ce choix peut apparaître comme une forme de résistance.
Cette surcharge fait que l’humain, animal sociable, devient de plus en plus solitaire et introverti, avec un besoin de se ressourcer dans la solitude.
La solitude, oui, mais pas tout le temps
Malgré ses bienfaits, la solitude choisie n’est pas sans risques. Une étude de Julianne Holt-Lunstad, publiée dans Perspectives on Psychological Science, démontre que l’isolement prolongé, même volontaire, peut avoir des effets négatifs sur la santé.
Les personnes vivantes seules sont davantage exposées à des troubles comme l’anxiété ou la dépression, notamment en période de stress ou de crise.
Une maladie, un accident ou une période de chômage peuvent soudainement rappeler la valeur des relations humaines. À trop vouloir fuir le lien social, certains se retrouvent démunis face à l’imprévu.
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La solitude : une manière de se protéger d’un monde instable ?
Avec les réseaux, nous avons beaucoup d’informations sur ce qui nous entoure. Ainsi, il est plus facile d’être au courant des horreurs de notre société et sur la Terre. L’augmentation du nombre de personnes vivantes seules révèle alors des failles dans nos modèles sociaux.
Derrière ce choix, certains sociologues perçoivent un reflet des dysfonctionnements contemporains. La précarisation des relations humaines, l’instabilité professionnelle, ou encore le culte de la performance poussent certains à s’isoler pour mieux se protéger.
Cette solitude, si elle est souvent décrite comme un choix, peut parfois masquer un renoncement. Renoncement à des relations jugées superficielles, à des attentes irréalistes ou à un système qui ne laisse que peu de place à la vulnérabilité.
La solitude chez les jeunes : quand l’anxiété grandit
Pour la génération Z, composée des jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, la solitude prend une dimension particulière. Ces jeunes, souvent perçus comme hyperconnectés, sont en réalité confrontés à une forme d’isolement plus insidieuse.
Le contexte de la pandémie de Covid-19 a exacerbé cette tendance. Les confinements successifs ont coupé une partie d’entre eux de leurs réseaux sociaux physiques, forçant une dépendance accumulée aux interactions virtuelles. Si les plateformes comme TikTok ou Instagram ont servi de soupape, elles n’ont pas compensé l’absence de lien humain direct.
L’hyperconnectivité crée une illusion de proximité tout en accentuant la comparaison sociale et la peur de manquer quelque chose, deux facteurs liés à une détresse psychologique croissante chez ces jeunes.
Attention, la solitude n’est pas toujours négative !
Les introvertis naturels préfèrent aussi parfois être seuls et se sentent mieux lorsqu’ils ne sont pas entourés. Cela ne veut pas dire qu’ils sont tristes, et au contraire.
Certaines personnes comme les introvertis ou les neuroatypiques ou les personnes anxieuses peuvent choisir cette solitude, justement pour se reposer, se ressourcer, et faire des activités solitaires qui leur font plaisir.
Et même pour le commun des mortels, la solitude est importante de temps en temps pour réfléchir, se centrer sur soi, mais aussi pour avoir des idées (créatives par exemple).
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