Certaines personnes n’ont pas besoin d’être sous l’obligation de confinement pour rester cloitrées chez elles. En effet, le syndrome de hikikomori est un mal contemporain qui touche des millions de personnes à travers le monde et il est pris de plus en plus au sérieux. Ce phénomène de retrait social est en constante évolution et alerte les autorités. Il n’est pas seulement une question de choix individuel, mais souvent lié à des problèmes plus profonds comme l’anxiété, la dépression ou d’autres troubles psychologiques. On vous explique tout sur ce fléau des temps modernes.
Sommaire
Comprendre le syndrome de hikikomori
Le terme hikikomori a vu le jour durant la crise économique des années 90 au Japon. Ce syndrome se caractérise par un retrait volontaire et prolongé de tout contact social. Selon le ministère de la Santé japonais, un hikikomori est une personne qui, pour diverses raisons, évite toute interaction sociale et reste confinée chez elle pendant au moins six mois. On le sait, la société japonaise est dure et il y a une grande pression scolaire qui pèse sur les jeunes. Dès qu’ils sortent du tracé logique des parents, ils subissent des pressions familiales. Ils s’enferment et la déprime peut s’installer.
Les raisons de tomber dans cette spirale sont diverses. Cela peut être les conséquences de harcèlement scolaire, séparation, abus sexuel, deuil, burn out. Par ailleurs, les jeunes adultes qui se lancent dans le marché du travail doivent aussi réussir à trouver leur place, se démarquer dans un environnement de plus en plus compétitif. De plus, les transformations sociales, l’éloignement de la famille, l’isolement lié à la technologie et les difficultés économiques, peuvent également jouer un rôle dans l’émergence du syndrome hikikomori.
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Augmentation des cas du syndrome de hikikomori
Même si le syndrome de hikikomori a été détecté au Japon, beaucoup d’autres pays sont touchés. Il existe plus d’un million d’hikikomori au Japon, et bien d’autres millions à travers la planète. Les cas ne cessent d’augmenter, car la pression sur les jeunes et les injonctions de performances en général sont toujours plus fortes. De plus, dans nos sociétés modernes, les jeunes ont plus souvent une chambre individuelle et un ordinateur. Ainsi, sans bouger de leur cocon douillet, ces jeunes ont un contact avec le monde extérieur. Rien ne les pousse donc à sortir ?
Si les cas augmentent, c’est parce que ce problème n’est pas toujours pris au sérieux et qu’il est souvent invisible. En effet, ces individus ne perturbent pas directement la société, alors, on ne s’en préoccupe pas.
Les différents profils des hikikomori
Le phénomène de hikikomori est complexe et les profils des personnes qui s’isolent socialement peuvent varier considérablement. Toutefois, certains profils types se dégagent :
- L’étudiant épuisé : ce profil concerne généralement des jeunes qui ont été soumis à une forte pression académique et des attentes élevées de la part de leurs parents ou de la société. L’épuisement et l’anxiété conduisent à un retrait pour échapper à la pression continue.
- Le jeune adulte en échec : ici, le hikikomori peut avoir subi des échecs professionnels ou académiques répétés, menant à un sentiment d’incompétence et d’isolement pour éviter d’affronter d’autres échecs ou humiliations.
- L’introverti anxieux : certaines personnes ont naturellement une disposition plus introvertie et peuvent développer une anxiété sociale grave, les amenant à choisir l’isolement comme une façon de gérer leur inconfort dans les interactions sociales.
- Le rebelle silencieux : dans ce cas, l’isolement peut être une forme de protestation ou de rejet des normes et valeurs sociales perçues comme oppressives ou superficielles, exprimant un désaccord silencieux par leur retrait.
- La victime de harcèlement : ceux qui ont été victimes de harcèlement ou d’abus, que ce soit à l’école, au travail ou en ligne, peuvent se retirer socialement comme un moyen de se protéger de la douleur et de la peur des interactions humaines.
- Le rêveur évanescent : certains hikikomori peuvent se perdre dans des mondes alternatifs, que ce soit à travers des jeux vidéo, des livres, ou internet, préférant ces réalités virtuelles à la vie extérieure plus intimidante et stressante.
- Le dépendant familial : souvent restant dans le cocon familial, ce profil de hikikomori dépend financièrement et émotionnellement de ses parents, et l’absence de nécessité de sortir contribue à son isolement prolongé.
Ces profils peuvent se chevaucher dans de nombreux cas. Identifier le profil permet de développer des approches plus ciblées et efficaces pour tenter de régler le problème.
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Signes avant-coureurs et préventions
Comme le dit l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir ». Identifier les signes précoces du hikikomori est essentiel pour prévenir son apparition et éviter que la situation devienne extrême. Plusieurs symptômes peuvent vous alerter. Par exemple, un manque d’envie de sortir ou d’interagir avec autrui, l’évitement de répondre au téléphone ou d’ouvrir la porte. L’idéal est de rester sans cesse dans le mouvement de la vie, dans la curiosité et en quête de découverte. Il faut se forcer un peu pour éviter que le syndrome de hikikomori s’installe.
Les solutions pour aider les personnes qui en souffrent
Il est important d’adopter des approches multidisciplinaires qui prennent en compte les aspects psychologiques, sociaux et familiaux. Voici quelques stratégies et solutions qui peuvent être mises en œuvre :
- Soutien psychologique : un suivi psychologique est intéressant pour aborder les causes sous-jacentes de l’isolement, comme l’anxiété, la dépression, ou d’autres troubles mentaux. Des thérapies cognitivo-comportementales peuvent être particulièrement efficaces pour modifier les schémas de pensée et de comportement négatifs.
- Programmes de réintégration sociale : des programmes spécifiquement conçus pour réintégrer les hikikomori dans la société peuvent être très bénéfiques. Ces programmes peuvent inclure des activités de groupe supervisées, des ateliers de compétences sociales, et des opportunités de bénévolat pour encourager une interaction graduelle et positive avec les autres.
- Soutien familial : il est évident que la famille joue un rôle essentiel dans le processus de guérison. Des séances de thérapie familiale peuvent aider à améliorer la communication au sein de la famille et à résoudre les conflits qui pourraient contribuer à l’isolement de l’individu.
- Éducation et sensibilisation : sensibiliser le public et éduquer les familles et les communautés sur le hikikomori peut réduire la stigmatisation et encourager une approche plus empathique et proactive envers les personnes affectées.
- Adaptation professionnelle et éducative : proposer des parcours éducatifs et professionnels flexibles et adaptés peut aider les personnes touchées à reprendre leurs études ou leur carrière à leur propre rythme, en réduisant le stress et l’anxiété associés aux environnements traditionnels compétitifs.
- Utilisation de la technologie : des outils numériques et des applications peuvent être utilisés pour encourager la communication et les interactions sociales dans un premier temps, permettant à l’individu de se sentir moins isolé tout en restant dans un environnement contrôlé et sécurisé.
- Activités physiques et loisirs : encourager la participation à des activités physiques, artistiques ou autres loisirs peut aider à améliorer l’estime de soi, à réduire l’anxiété et à offrir des occasions d’interaction sociale.
- Intervention communautaire : impliquer des ressources communautaires, comme des centres de jeunesse, des associations ou des groupes de soutien, pour offrir un réseau de support étendu et diversifié.
Chaque cas de hikikomori est unique et les interventions doivent être personnalisées. L’approche doit être progressive, patiente, centrée sur l’individu et non violente. Le but est d’assurer les meilleures chances de réussite. Alors, il est évident que la présence bienveillante des parents, de la famille et de tout l’entourage proche est indispensable pour que ces personnes s’en sortent. Le soutien, l’encouragement, la communication, l’expression sans jugement doivent être omniprésents. Les victimes doivent pouvoir discuter de leurs peurs et de leurs inquiétudes sans craindre la stigmatisation.
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En comprenant mieux le syndrome de hikikomori, il est possible de le prévenir et d’aider ceux qui en souffrent. Le but est de réintégrer au fur et à mesure la société et la réalité. Connaissez-vous de près ou de loin ce phénomène ?
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