Un homme a vécu durant 5 ans dans un hôtel sans payer hormis 200 dollars, le prix pour une seule nuit. Mais, comment a-t-il fait ça ?
Mickey Barreto : il vit à l’hôtel sans payer pendant 5 ans
En juin 2018, un homme du nom de Mickey Barreto entre à l’hôtel New Yorker, l’un des établissements les plus emblématiques de Manhattan. Il paie 200 dollars et 57 cents pour une nuit et s’installe, avec son compagnon Matthew Hannan, dans la chambre 2565.
Le lendemain matin, il ne part pas. À la place, il annonce à la réception qu’il souhaite un bail de six mois, invoquant une ancienne loi new-yorkaise sur la stabilisation des loyers. L’hôtel refuse. Il est sommé de quitter les lieux. Mais Barreto, lui, a lu la loi. Et il va en faire un usage très particulier.
Une faille dans la loi bien pratique
La loi invoquée par Mickey Barreto date de 1969. Elle permet à toute personne occupant une chambre dans un bâtiment résidentiel de plus de six logements, construit avant 1969, de devenir locataire permanent si elle en fait la demande. L’hôtel New Yorker, ouvert en 1930, entre dans cette catégorie.
Mickey Barreto décide de porter l’affaire devant la justice. Dans une déclaration manuscrite de trois pages, il cite textes de loi, décisions judiciaires et codes locaux pour appuyer sa demande. Et contre toute attente, il obtient gain de cause.
Un juge lui accorde un « jugement final de possession », l’autorisant à réintégrer la chambre. Aucun bail n’est signé. Aucune durée n’est fixée, aucun loyer n’est exigé.
Pendant 5 ans, Mickey Barreto vit gratuitement à l’hôtel, malgré le refus persistant de la direction de lui établir un contrat. En pratique, il occupe une chambre de luxe, dans un bâtiment de prestige, en ne versant pas un centime de plus que ses 200 dollars initiaux.
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Il revendique sa propriété…
Mais Mickey Barreto ne s’arrête pas là. Fort du jugement, il entreprend une relecture créative du verdict. À ses yeux, le jugement lui confère un droit de propriété sur la chambre. Et comme l’hôtel est juridiquement indivisible, il en déduit… qu’il est désormais propriétaire de tout l’hôtel.
C’est là que l’affaire prend une tournure surréaliste. Il tente d’enregistrer le bâtiment entier à son nom auprès du Département des Finances de la Ville de New York. Et, contre toute attente, l’administration ne bloque pas immédiatement la demande.
Submergés par des milliers de dossiers quotidiens, les agents valident les documents. Barreto devient donc, de manière purement administrative, le propriétaire du New Yorker… sur le papier.
Il en profite pour exiger 15 millions de dollars de revenus supposément dus sur l’exploitation de l’hôtel, réclamer l’évacuation du 38e étage pour inspection par son architecte, et tente même de rediriger le courrier et les comptes bancaires de l’établissement à son nom.
La chute d’un propriétaire autoproclamé
Ce n’est qu’à partir de 2023 que la situation bascule. Un nouveau procès reconnaît le caractère frauduleux de ses actes. Mickey Barreto est expulsé de l’hôtel en juillet, après 5 ans d’occupation illégale. Mais la justice ne s’arrête pas là. En février 2024, il est mis en examen pour une longue liste de délits.
Il est désormais poursuivi pour 24 chefs d’accusation, dont 14 pour fraude et 10 pour outrage criminel. Il est accusé d’avoir manipulé volontairement les registres publics et d’avoir utilisé de faux documents pour tromper les services administratifs.
Le procureur de Manhattan, dans un communiqué, résume l’affaire en ces termes : « Mickey Barreto a revendiqué à plusieurs reprises et de manière frauduleuse la propriété de l’un des monuments les plus emblématiques de la ville ». Barreto, de son côté, clame toujours son innocence.
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Une affaire entre faille légale et délire juridique
Si cette histoire semble sortie d’un scénario de série HBO, elle soulève des questions très réelles. Le cas Barreto met en lumière les zones grises du droit locatif new-yorkais, les failles administratives, et la manière dont un individu peut manipuler la machine judiciaire avec une audace hors norme.
Son interprétation très libre de la loi aura tenu pendant 5 longues années, jusqu’à franchir les bornes de la légalité.
Mickey Barreto attend aujourd’hui son procès devant la Cour suprême de New York. Il risque plusieurs années de prison. Mais quoi qu’il arrive, il restera dans les annales judiciaires comme l’homme qui a vécu 5 ans dans un hôtel quatre étoiles pour 200 dollars… et qui a failli en devenir le propriétaire officiel.
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