Pour beaucoup d’actifs, les primes représentent une part importante du revenu : prime annuelle, variable, prime d’ancienneté, heures supplémentaires majorées, prime de panier, gratification exceptionnelle… Mais au moment de préparer sa retraite, un doute persiste : toutes ces sommes finissent-elles réellement dans le calcul de la pension ? En France, la réponse n’est pas uniforme. Elle dépend du secteur (privé ou public) et surtout de la nature de la prime.
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Dans le secteur privé : oui, les primes comptent… à condition d’être cotisées
Pour les salariés du privé, la règle la plus importante est la suivante : toute rémunération soumise à cotisations vieillesse compte pour la retraite. Cela inclut naturellement le salaire mensuel, mais aussi la majorité des primes versées par l’employeur.
Concrètement, une prime compte si l’employeur a prélevé : des cotisations retraite de base (Sécurité sociale) et des cotisations retraite complémentaire (AGIRC-ARRCO).
Sur un bulletin de salaire, lorsqu’une prime apparaît avec des charges sociales habituelles, elle contribue donc à augmenter : le salaire annuel moyen utilisé pour calculer la retraite de base, et le nombre de points acquis chaque année à la retraite complémentaire.
Cependant, un détail technique limite cet effet : la retraite de base est calculée dans la limite du plafond de la Sécurité sociale. Si un salarié reçoit une grosse prime qui fait exploser son revenu du mois, seule la part située sous le plafond est réellement prise en compte pour le calcul final.
Les primes qui ne comptent pas pour la retraite : un piège courant
À l’inverse, certaines primes ne génèrent aucun droit à la retraite car elles sont exonérées de cotisations vieillesse. C’est le cas notamment : de la prime de partage de la valeur (ex-prime Macron), de l’intéressement, de la participation, des primes versées sur un plan d’épargne salariale (PEE, PER collectif), et de certaines indemnités exceptionnelles ou ponctuelles.
Ces montants sont parfois attractifs et favorables fiscalement, mais ils ne contribueront jamais à augmenter la future pension.
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Dans la fonction publique : la situation est beaucoup plus restrictive
Pour les fonctionnaires titulaires, le régime est très différent. La pension de base n’est pas calculée sur la rémunération globale, mais uniquement sur le traitement indiciaire brut des six derniers mois. Alors, les primes, même régulières, ne sont pas intégrées dans la pension de base des fonctionnaires.
C’est l’une des particularités les plus connues du régime public. Qu’il s’agisse de primes de service, de prime informatique, d’indemnités horaires, de prime de fin d’année ou d’autres compléments, rien n’entre dans le calcul du montant principal. Cette règle a longtemps créé un écart important entre traitement réel et retraite, notamment dans les métiers très “primés”.

La retraite additionnelle (RAFP) : la seule porte d’entrée pour les primes des fonctionnaires
Pour compenser cette exclusion, la RAFP (Retraite additionnelle de la fonction publique) a été créée en 2005. Il s’agit d’un régime par points, qui prend en compte les primes et indemnités, dans la limite de 20 % du traitement indiciaire annuel.
Autrement dit, seule une fraction des primes peut être valorisée dans la retraite, et le rendement reste bien inférieur à celui d’un régime classique. La RAFP constitue un complément, pas un véritable prolongement proportionnel du revenu.
Pour les contractuels, en revanche, les primes suivent les mêmes règles que dans le privé : elles comptent si elles sont cotisées.
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Pourquoi une telle différence entre privé et public ?
La raison est essentiellement historique. Avant les grandes réformes du XXe siècle, la rémunération des fonctionnaires reposait presque exclusivement sur le traitement indiciaire, un cadre protecteur et stable. Les primes ont été ajoutées progressivement, pour attirer ou fidéliser certains profils, mais elles n’ont jamais été intégrées au calcul de la pension.
Dans le privé, à l’inverse, la retraite repose sur la logique contributive : tout ce qui a été cotisé ouvre des droits. D’où deux systèmes coexistants, parfois difficilement compréhensibles pour les salariés.
Comment vérifier si vos primes comptent vraiment ?
Pour ne pas se tromper, deux démarches suffisent. D’abord, regardez votre bulletin de salaire. Si une prime apparaît dans l’assiette “retraite”, “vieillesse plafonnée”, “AGIRC-ARRCO”, elle contribue à votre pension.
Puis, vous pouvez regarder sur votre relevé de carrière ou de points. Dans le privé : vérifiez l’évolution de vos points AGIRC-ARRCO. Et, dans la fonction publique, consultez votre relevé RAFP sur le portail dédié. En cas de doute, seul l’employeur peut certifier le traitement social d’une prime.
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