Le 2 juillet 1951, à St Petersburg, en Floride, une femme de 67 ans est retrouvée morte dans son appartement. Ou plutôt, ce qu’il en reste : un pied intact encore chaussé d’une pantoufle, un crâne réduit à la taille d’une balle de baseball, et une flaque de graisse humaine. Le reste de l’appartement est quasiment intact. Aucun feu généralisé, aucune explication évidente. Le nom de la victime ? Mary Hardy Reeser. Le nom du phénomène supposé ? La combustion humaine spontanée.
Sommaire
1. La combustion humaine spontanée, une mort qui défie la logique
Quand les secours découvrent le corps calciné de Mary, c’est l’incompréhension. La température nécessaire pour réduire un corps à l’état de cendres dépasse les 1100 °C.
Or, ni les meubles ni les rideaux n’ont pris feu. Même les journaux posés à quelques centimètres du fauteuil sont intacts. Le rapport de police parle d’un « incendie extrêmement localisé ».
Très vite, l’affaire fait la une. La presse surnomme Mary « la torche humaine ». Le FBI est saisi. Les experts examinent le fauteuil, le sol, les vêtements. On avance une cigarette mal éteinte. Puis un malaise. Puis un cocktail entre somnifères, alcool et matière inflammable. Mais rien ne colle parfaitement. Trop de contradictions, trop de mystères.
2. Un phénomène ancien… et persistant
Le cas de Mary Reeser n’est pas isolé. Depuis le XVIIe siècle, on recense des dizaines de morts similaires à travers le monde. Des corps retrouvés réduits en cendres dans des lieux intacts. Des jambes épargnées. Une graisse fondue sur le plancher. Et toujours, le même parfum de surnaturel.
En 1763, le médecin français Jonas Dupont publie un traité sur le sujet, « De Incendiis Corporis Humani Spontaneis ». Il y détaille des dizaines de cas, souvent des femmes âgées, obèses, seules, souvent alcooliques. À l’époque, on accuse l’alcool. Puis le diable. Parfois les deux.
Plus récemment, des cas apparaissent encore : en 2010, un homme de 76 ans est retrouvé carbonisé dans sa maison en Irlande, sans que rien autour n’ait brûlé. Le médecin légiste conclut à une combustion spontanée humaine. Oui, officiellement.
3. Explication scientifique ou farce macabre ?
Les scientifiques, eux, ne sont pas convaincus. La plupart rejettent l’idée d’une combustion réellement « spontanée », c’est-à-dire sans déclencheur externe. À la place, ils évoquent l’effet « mèche ».
Selon cette théorie, la victime sert littéralement de bougie. Le feu (souvent une cigarette) enflamme les vêtements, qui fondent la graisse corporelle. La graisse, hautement inflammable, s’infiltre dans les fibres textiles et alimente lentement la combustion. Résultat : le corps brûle lentement, intensément, pendant des heures. Sans flammes spectaculaires. Sans feu généralisé.
Mais alors… pourquoi ne voit-on pas ce phénomène plus souvent ? Pourquoi certaines parties restent intactes, comme les jambes ? Et comment expliquer que le feu soit si localisé ? Certains experts évoquent aussi des facteurs rares : diabète sévère, crises d’épilepsie, produits chimiques dans l’organisme… Mais rien de concluant. Et surtout : aucun consensus.
VOIR AUSSI : Ils vivaient en ermite dans la forêt depuis 40 ans : quand l’humanité fuit l’humanité
4. Mary Reeser, une victime emblématique
Revenons au cas Reeser. En 1951, les résultats toxicologiques sont limités. On suppose qu’elle a pris des somnifères avant de s’endormir dans son fauteuil, cigarette à la main. Sa graisse corporelle aurait nourri le feu pendant plusieurs heures. La température élevée aurait rétracté son crâne – phénomène rare, mais documenté sous certaines conditions extrêmes.
Mais l’absence de fumée dans le logement, l’intégrité de certains objets à quelques centimètres de la scène, et la vitesse de la combustion posent encore question. Certains enquêteurs parlent même d’une source de chaleur externe non identifiée. Un chauffage défectueux ? Une expérience qui a mal tourné ? Rien n’a été prouvé. Le FBI, à l’époque, a classé l’affaire comme non résolue.
5. Un phénomène toujours d’actualité, un phénomène réel ?
Depuis les années 2000, on recense encore une vingtaine de cas similaires dans le monde. La majorité reste inexplicable. Certains sont sans doute de simples accidents domestiques. D’autres résistent à toutes les explications rationnelles.
Et l’idée d’une combustion réellement « spontanée » alimente toujours les forums, les documentaires, les thrillers ésotériques. Il y a quelque chose de terriblement angoissant à l’idée de prendre feu… sans cause visible. Comme si quelque chose de plus grand, de plus sournois, pouvait nous consumer de l’intérieur.
Alors, la combustion humaine spontanée existe-t-elle ? Pas au sens strict du terme, selon la science moderne. Il n’existe aucun cas documenté où un corps se serait enflammé sans aucune source de chaleur.
L’hypothèse la plus solide reste celle de la combustion lente, nourrie par les graisses, dans un contexte bien particulier : personne seule, faible mobilité, vêtements inflammables, cigarette, alcool.
NuMedia est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :