À travers les siècles, les sorcières ont toujours été des figures mystérieuses et redoutées. Accusées de pactes avec le diable ou de pouvoirs surnaturels, ces femmes étaient souvent marginalisées, ostracisées par des sociétés qui ne toléraient ni l’écart de conduite ni le savoir qui semblait échapper au contrôle des autorités religieuses et sociales.
Mais aujourd’hui, une question fascinante se pose : et si ces femmes, persécutées pour leurs connaissances et leurs pratiques, avaient été en réalité les premières scientifiques ? Si leur savoir en herboristerie, en médecine naturelle et en alchimie s’apparentait, dans un sens, aux bases des sciences modernes ?
Sommaire
1. La marginalisation des femmes de savoir
Au Moyen Âge et à la Renaissance, le savoir scientifique n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui. Les connaissances sur les plantes, les étoiles ou les corps célestes relevaient d’un mélange de croyances, de pratiques empiriques et de traditions ancestrales.
Les hommes étudiaient souvent l’alchimie et les mathématiques, même si leurs découvertes étaient parfois mal vues par l’Église. Mais pour les femmes, la situation était bien plus stricte : elles n’étaient pas censées détenir de savoir « en dehors du rang ».
Dans ce contexte, les femmes qui avaient des connaissances en herboristerie, en soins de santé ou en pratiques de guérison étaient souvent marginalisées. Elles soignaient avec des plantes, connaissaient les effets des racines, des feuilles, et même les cycles lunaires, pour soulager les maux du quotidien.
Mais leurs compétences étaient perçues comme une menace, car elles maîtrisaient des aspects de la nature que les autorités, et surtout les hommes, ne comprenaient pas. Cette science empirique, loin des clochers et des académies, faisait d’elles des cibles idéales pour des accusations de sorcellerie.
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2. Les procès de Salem : la science au banc des accusés
L’exemple des sorcières de Salem, en 1692, est sans doute l’un des plus tragiques et représentatifs de cette persécution des femmes savantes.
Dans une petite communauté puritaine du Massachusetts, une série d’accusations de sorcellerie éclatée, et une vingtaine de personnes, majoritairement des femmes, sont exécutées.
Ces femmes, parfois accusées par simple jalousie ou par peur, n’avaient pour la plupart qu’un savoir rudimentaire. Quelques-unes d’entre elles connaissaient les herbes et les remèdes de base, mais c’était déjà trop dans une société où les femmes étaient censées rester dans leur rôle domestique.
Salem est un exemple frappant de la manière dont la science et la connaissance pouvaient être condamnées lorsqu’elles étaient pratiquées par des femmes.
L’accusation de sorcellerie devenait un moyen d’écraser toute forme de savoir féminin non approuvé par l’Église ou les autorités.
Cette répression a marqué les esprits, et les femmes qui se penchaient sur les mystères de la nature, même dans un mais de soin ou d’aide aux autres, furent rapidement perçues comme suspectes.
Le récit de Salem nous rappelle également que ces accusations ne ciblaient pas uniquement les véritables guérisseuses, mais aussi celles qui s’écartaient du chemin tracé. Être une femme indépendante, instruite ou même simplement dotée de caractère suffisait souvent pour être accusée de sorcellerie.
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3. Les sorcières de fiction, quelques exemples frappants
Dans la culture populaire, ce lien entre sorcellerie et science prend de plus en plus de place, particulièrement dans des œuvres qui redéfinissent l’image des sorcières.
Prenons, par exemple, le personnage de Carina Smyth dans le film Pirates des Caraïbes. Carina, une astronome passionnée par l’étude des étoiles, est accusée de sorcellerie simplement parce qu’elle utilise son savoir pour tenter de résoudre des mystères célestes.
Elle manipule les astres pour comprendre l’univers, un acte perçu comme diabolique par ceux qui l’entourent. Carina Smyth incarne cette femme marginalisée qui, en quête de savoir, se retrouve taxée de sorcière.
D’autres séries populaires, comme American Horror Story, jouent également sur cette frontière entre magie et science.
Dans la saison 3, intitulée Coven, les sorcières pratiquent des rituels qui ressemblent à des procédés scientifiques. Elles préparent des potions et manipulent la matière de manière à obtenir des effets concrets, en utilisant les éléments d’une manière qui rappellent les principes de l’alchimie.
En poussant plus loin, la saison 8 d’American Horror Story, Apocalypse, propose une interprétation encore plus moderne : les pratiques magiques des sorcières s’apparentent ici à des principes de physique quantique.
Ces œuvres populaires présentent ainsi une question captivante : et si ce que l’on appelait magie n’était qu’une forme de science inexplorée ou mal comprise ?
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4. L’alchimie : un savoir entre magie et science
En effet, si l’on parle des sorcières comme de potentielles scientifiques, il est impossible de ne pas évoquer l’alchimie. L’alchimie, souvent pratiquée par des hommes, mais aussi par des femmes, était en quelque sorte la science de l’époque.
Les alchimistes cherchaient des moyens de transformer la matière, de soigner les corps et de comprendre l’univers. Ils manipulaient les éléments en espérant atteindre des résultats concrets, mais dans un monde où la chimie et la biologie n’étaient pas encore des disciplines structurées.
Les femmes qui utilisaient des plantes et des potions pouvaient ainsi être perçues comme des sortes d’alchimistes populaires. Elles connaissaient les effets des herbes, savaient extraire leurs propriétés médicinales, et suivaient des procédés proches de la chimie primitive.
Toutefois, dans les sociétés patriarcales, l’alchimie exercée par les hommes était vue comme un art respectable, tandis que les pratiques des femmes étaient associées à la sorcellerie.
Ce double standard s’observe encore dans les récits historiques et même dans la culture populaire. L’alchimie, sous couvert de science, permettait aux hommes de jouer avec la matière et d’étudier les phénomènes naturels sans craindre la persécution, alors que les femmes étaient marginalisées pour des pratiques similaires.
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