Quand on adopte un serpent domestique, une des premières questions pratiques surgit rapidement : quelle taille de proie (souris, rat) lui donner ? Derrière ce détail se cache en réalité un enjeu majeur pour sa santé et son bien-être. En effet, pour un serpent en bonne santé, il faut un serpent bien nourri.
Un serpent trop souvent nourri avec des proies inadaptées risque d’avoir des problèmes de digestion, de croissance ou même de régurgitation. Et, à l’inverse, une alimentation bien choisie favorise son développement et limite les risques de stress ou de blessures internes. Allez, voici un petit guide.
La bonne taille de souris ou de rat pour son serpent ? C’est une question de proportion
La règle de base repose sur la proportion. On recommande généralement d’offrir une proie qui fait environ un tiers de la circonférence du serpent au niveau de sa partie la plus large.
Si la proie est plus grosse, l’animal risque des complications et avoir du mal à avaler, et si elle est trop petite, il ne recevra pas les nutriments nécessaires. Mais cette règle doit toujours être adaptée en fonction de l’espèce, de l’âge et de l’individu lui-même.
Un jeune serpent, donc juvénile, fraîchement sorti de l’œuf, commencera par des proies de type « pinkies« , c’est-à-dire des souriceaux roses sans poils, très petits et faciles à avaler.
En grandissant, on passe progressivement aux souriceaux un peu plus âgés avec un début de pelage, puis aux sauteuses et aux adultes. Les serpents de taille intermédiaire peuvent aussi être nourris avec des rats selon leur gabarit, mais la transition doit être progressive.
Les gros spécimens, comme certains boas ou pythons adultes, auront besoin de rats adultes, voire de proies plus imposantes comme des gerbilles, des hamsters ou même de jeunes lapins pour les plus massifs.
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Du coup, quelle taille de souris choisir pour son serpent ?
Chez les serpents les plus couramment élevés en captivité, on distingue des besoins très variables selon l’espèce.
Plus gros serpents
Le Python regius, aussi appelé python royal, est un des plus populaires. Un juvénile de 30 à 50 cm se nourrit généralement de souriceaux d’environ 5 à 10 g, toutes les cinq à sept journées.
Lorsqu’il atteint 1 m, la ration évolue vers de jeunes rats de 20 à 30 g, espacés tous les dix jours. Un adulte de 1,2 à 1,5 m consomme plutôt un rat de 80 à 120 g, environ tous les quinze jours à un mois pour les individus qui ont tendance à l’obésité.
Chez le Boa constrictor, l’échelle change complètement. Même jeune, il peut engloutir des proies de 20 g dès ses premières semaines, puis passer rapidement à des rats de 50 à 80 g.
Un adulte de 2 m ou plus consommera sans problème des rats de 200 g, parfois de jeunes lapins pour les très grands spécimens, à une fréquence mensuelle. Ici, la digestion est beaucoup plus longue, et un nourrissage trop fréquent risque d’entraîner obésité ou régurgitations.
Il faut toujours tester et observer son serpent pour comprendre ce qui lui va à LUI. Pareil pour la fréquence, tout va dépendre de votre individu. Dès qu’il va expulser ses excréments, on considère que le serpent peut recevoir une nouvelle proie environ 3 jours après.
Serpents plus fins
Le Pantherophis guttatus, mieux connu sous le nom de couleuvre des blés, suit un rythme comparable mais avec des proies plus modestes. Un jeune spécimen accepte sans difficulté un souriceau de 3 à 7 g une fois par semaine.
Vers l’âge adulte, les proies passent à 20 ou 30 g, souvent une souris adulte, toutes les dix jours environ. On peut donner un petit rat de 80 g tous les mois également. Certaines couleuvres particulièrement voraces peuvent tolérer des repas légèrement plus rapprochés, mais il est toujours conseillé de privilégier la digestion complète avant de proposer une nouvelle proie.
Pour des espèces plus fines comme la couleuvre roi (Lampropeltis getula), les repas restent modérés. Un individu de taille moyenne, autour du mètre, sera à l’aise avec une souris adulte de 25 à 30 g tous les dix jours.
L’adulte, s’il dépasse 1,50 m, tolérera un rat de 50 à 70 g tous les quinze jours. L’adaptation reste la clé : certains spécimens préfèrent deux petites proies rapprochées plutôt qu’une seule très grosse.
Espacer le nourrissage quand le serpent prend en âge
Il faut aussi tenir compte de la croissance. Plus l’animal est jeune, plus les repas sont rapprochés, car l’énergie sert à grandir. Avec l’âge, l’espacement s’allonge. Ainsi, un serpent de quelques semaines peut manger deux fois par semaine, tandis qu’un adulte en bonne santé n’a besoin que d’une à deux proies par mois, selon la taille de celles-ci.
Bien surveiller la silhouette de votre animal
La surveillance du poids et de la silhouette reste le meilleur indicateur. Un serpent trop nourri prend du gras, perd son aspect fuselé et s’expose à des maladies hépatiques. À l’inverse, un serpent sous-alimenté devient anguleux, avec la colonne vertébrale visible. Ces signes guident bien mieux que les calendriers rigides, qui doivent toujours être adaptés à l’individu.
Un nourrissage différent entre été et hiver
Enfin, la saisonnalité joue son rôle. Certaines espèces, comme le python royal ou le boa, peuvent réduire spontanément leur appétit en hiver, période de ralentissement métabolique.
Forcer un serpent à manger lorsqu’il refuse ses proies est contre-productif. Mieux vaut patienter, vérifier les conditions de température et d’hygrométrie, et respecter le rythme naturel de l’animal.
Comment nourrir son serpent correctement ?
La manière de nourrir a aussi son importance. Les proies vivantes, souvent considérées plus « naturelles », présentent en réalité un risque pour le serpent. Une souris adulte ou un rat peut mordre et causer des blessures parfois graves.
C’est pourquoi la plupart des éleveurs et spécialistes recommandent d’opter pour du congelé. L’animal est abattu dans des conditions prévues à cet effet, puis stocké au congélateur. Avant de donner la proie, il faut la décongeler complètement, idéalement au réfrigérateur pendant quelques heures, puis la tiédir légèrement dans un sac hermétique plongé dans de l’eau chaude.
L’objectif est de restituer l’odeur et la température corporelle de la proie, afin que le serpent l’accepte plus facilement. Attention : il ne faut jamais utiliser de micro-ondes, car cela risque de créer des zones brûlantes qui pourraient blesser l’animal. Et puis, pour avoir déjà testé la technique, la souris peut exploser…
La présentation se fait généralement à l’aide d’une pince longue, pour éviter que le serpent ne confonde votre main avec la nourriture. Certains individus attaquent immédiatement, d’autres hésitent ou boudent leur repas, surtout lors de périodes de mue. Dans ce cas, il est conseillé de réessayer quelques jours plus tard plutôt que de forcer.
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Où acheter ses souris et rats congelés ?
Enfin, la question des sources d’approvisionnement est centrale. Les animaleries spécialisées (ou animalerie basique qui en proposent, par exemple Gamm Vert) proposent généralement des souris, rats et autres proies adaptées à la terrariophilie, conditionnées et vendues en lots. De nombreux éleveurs indépendants, souvent passionnés, fournissent également des proies de qualité, parfois mieux nourries et plus variées.
Il est essentiel de se tourner vers des fournisseurs sérieux afin d’éviter les risques sanitaires liés à des proies mal conservées ou d’origine douteuse. Avant d’acheter, mieux vaut se renseigner sur la réputation du vendeur, vérifier les conditions de stockage et, si possible, choisir des proies issues d’élevages respectueux des normes d’hygiène.
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