Depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, Emmanuel Macron tente de gouverner un pays qui, politiquement, ressemble de plus en plus à une partie de Jenga. Son problème majeur ? Il ne dispose pas d’une base stable, ni idéologique ni parlementaire. Et ça, dans une Ve République qui repose sur des blocs politiques solides, c’est un sacré défi. Voyons pourquoi.
Sommaire
1. Une Assemblée nationale en miettes ?
En 2017, puis en 2022, Macron a explosé la politique française en propulsant son mouvement La République en Marche (devenu Renaissance). Exit le vieux duel droite-gauche qui structurait les débats.
Ainsi, une majorité présidentielle initialement confortable en 2017, mais devenue précaire en 2022. Puis, inexistante en 2024 après sa dissolution de l’Assemblée nationale. Une Assemblée qui ne tombe jamais d’accord avec le gouvernement macroniste, lequel est alors obligé d’user de 49.3.
Emmanuel Macron a eu 6 premiers ministres depuis 2017 : Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou, démontrant son instabilité politique.
Pourquoi ? Parce que Renaissance n’est pas un vrai parti avec une idéologie claire et des racines profondes. C’est une coalition de politiciens venus dans un premier temps du PS, des Républicains et du centre, et qui tiennent tant bien que mal ensemble.
Mais à mesure que les intérêts divergent, le camp macroniste s’effrite. Et en face ? L’Assemblée est ultra-divisée, avec trois gros blocs : la gauche, le centre et la droite, aussi simple que cela. Mais, aussi très difficile à contenter.
Conséquence ? Chaque projet de loi devient une bataille sanglante. Sans majorité absolue ni majorité tout court désormais, le gouvernement doit négocier au cas par cas, ce qui le force à zigzaguer.
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2. Un parti né sur un malentendu
La République en Marche (désormais Renaissance) n’a jamais été un parti classique. Ce n’est pas un parti de militants avec une ligne claire et des idéaux historiques. C’est une startup électorale, un OVNI politique créé pour propulser Macron à la présidence, mais qui peine à survivre en tant qu’organisation.
LREM/Renaissance a siphonné des cadres du PS, qui pensaient y trouver une social-démocratie modernisée. Le parti a attiré des centristes, séduits par le progressisme économique. Et il a recruté quelques Républicains, attirés par sa flexibilité sur le marché du travail et l’économie.
Sauf que quand il faut gouverner, ce melting-pot devient une faiblesse.
Chaque décision prise par Macron frustre une partie de sa base. Trop à droite, il perd ses ex-PS. Trop à gauche, il braque les Républicains. Et il n’arrive pas non plus à contenter les oppositions en ayant, justement, une position trop centriste. Conclusion : il est toujours trop ou pas assez quelque chose pour quelqu’un.
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3. Une France habituée au clivage gauche-droite
Avant Macron, la politique française était simple. La droite votait pour les Républicains. La gauche votait pour le Parti socialiste. Avec Macron, tout explose. Il est trop « centre » pour incarner une opposition claire à quelque chose.
Avant 2017, les Socialistes et les Républicains gagnaient presque systématiquement la Présidentielle. Les extrêmes gauche et droite savaient où se rallier, vers leurs cousins de droite ou leurs cousins de gauche. Mais, avec En Marche / Renaissance, ceci est perturbé, ce qui a creusé le fossé entre les oppositions à l’Assemblée.
D’ailleurs, beaucoup de ses électeurs de 2017 et 2022 étaient souvent là par défaut, plus que par conviction. En 2017, beaucoup ont voté pour lui pour éviter Marine Le Pen, mais étaient aussi attirés par la nouveauté. Et, en 2022, rebelote, sauf que cette fois, il était déjà président, avec un bilan qui a divisé.
Ce positionnement flou empêche la mise en place d’une politique cohérente. Sur les retraites, l’écologie ou la sécurité, il doit en permanence naviguer entre des visions opposées, quitte à frustrer tout le monde.
Macron est comme un funambule sans filet. Il avance, mais chaque pas est un risque. Son pari de gouverner sans clivage gauche-droite a explosé en plein vol. Son héritage ? Une France encore plus divisée qu’avant, avec une classe politique éclatée et un avenir incertain.
La question qui reste en suspens : qu’est-ce qui viendra après lui ? Un retour des partis traditionnels ? Une percée de l’extrême droite ? Une nouvelle figure du centre qui tenterait le même pari impossible ? À suivre…
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