Cet homme, nommé Tsutomu Yamaguchi, était présent lors des deux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Il a survécu au deux bombes atomiques, alors que des milliers de personnes sont perdu la vie lors de cette tragédie. On vous raconte son incroyable histoire, qui mérite d’être racontée et re-racontée.
Sommaire
Les débuts de la bombe nucléaire à la fin de la Seconde Guerre mondiale
C’est quelque chose que vous avez certainement entendu à l’école, c’est un épisode que nous apprenons en général au chapitre de la Seconde Guerre mondiale. Pour cause, c’est vers la fin de la Seconde Guerre mondiale que les deux bombes ont été envoyées sur le Japon.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le nazisme est monté en flèche. Pour faire face, les USA ont commandité la création de la bombe atomique par le fameux Oppenheimer. Ce dernier était mis sous pression pour créer la bombe nucléaire car d’autres pays étaient aussi sur le coup, dont l’Allemagne. L’objectif était d’être le premier à obtenir l’arme nucléaire.
Des relations compliquées entre le Japon et les États-Unis
Finalement, les USA ont réussi à mettre au point leur bombe atomique. Durant plusieurs années, les USA et le Japon ont entretenu des relations très compliquées et destructrices. Depuis les années 1930, le Japon mène une politique agressive d’expansion en Asie (Mandchourie, Chine, Corée, Indochine).
Le pays voulait des ressources naturelles et un empire digne des grandes puissances occidentales. Sauf que ça ne plaît pas du tout aux USA, qui voient ça comme une menace directe à leurs intérêts économiques et militaires dans le Pacifique.
En 1941, les États-Unis imposent un embargo commercial sur le Japon, notamment sur le pétrole, l’acier et d’autres matériaux stratégiques. Pour un pays qui n’a presque pas de ressources naturelles, c’est l’asphyxie. Le Japon voit ça comme une déclaration de guerre déguisée.
Le 7 décembre 1941, le Japon attaque par surprise la base américaine de Pearl Harbor à Hawaï. Le but ? Neutraliser la flotte du Pacifique avant d’envahir l’Asie du Sud-Est. Les USA déclarent la guerre le lendemain. L’opinion publique américaine, jusqu’ici plutôt isolationniste, bascule d’un coup.
Les combats entre Japonais et Américains sont d’une violence extrême, avec des pertes humaines massives. Le Japon refuse de se rendre, même après des bombardements massifs. Les soldats japonais préfèrent mourir que se rendre, et les civils sont parfois poussés au suicide collectif (comme à Saipan). Pour les Américains, envahir le Japon signifierait probablement des millions de morts supplémentaires.
VOIR AUSSI : Elle a survécu au Titanic… et à deux autres naufrages
Deux bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki
Les États-Unis testent la première bombe nucléaire en juillet 1945. Le Japon refuse toujours la reddition inconditionnelle. Le président Harry Truman décide alors d’utiliser l’arme atomique pour briser la résistance et impressionner l’URSS (guerre froide en préparation). Le 6 août, Hiroshima est rasée. Le 9 août, Nagasaki subit le même sort.
Le 15 août 1945, l’empereur Hirohito s’adresse pour la première fois à la population à la radio : le Japon se rend. C’est la fin de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’en 1952, le Japon est occupé par les forces américaines. Le général Douglas MacArthur impose une série de réformes démocratiques : nouvelle Constitution (1947), droits des femmes, fin de l’armée impériale. L’empereur reste mais perd son statut divin.
Les États-Unis veulent empêcher le Japon de basculer dans le camp communiste (URSS, Chine). Ils injectent des fonds via le plan Marshall asiatique, soutiennent l’économie japonaise et font du pays un allié stratégique pendant la guerre froide.
Aujourd’hui, le Japon et les États-Unis sont très proches diplomatiquement, militairement et économiquement. Le Japon abrite des bases américaines, et les deux pays collaborent sur de nombreux dossiers (technologie, défense, commerce).
VOIR AUSSI : Elle est restée enfermée pendant 8 ans : la terrible histoire de Natascha Kampusch
Des centaines de milliers de personnes décédées dans les bombardements
Donc, comme vous l’avez compris, les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki ont été bombardées par la bombe nucléaire les 6 et 9 août 1945. Respectivement, les deux villes comptaient 340 000 habitants et 195 000 habitants.
La bombe nucléaire Little Boy a détruit Hiroshima le 6 août à 70 %. En un éclair, une boule de feu de plusieurs milliers de degrés rase le centre-ville. Près de 70 000 à 80 000 personnes meurent sur le coup, brûlées vives, écrasées sous les décombres ou pulvérisées.
D’ici la fin de l’année 1945, le bilan grimpe à environ 140 000 morts, en raison des blessures, des infections et des effets terrifiants des radiations. Des décennies plus tard, le total des victimes liées directement ou indirectement à la bombe est estimé à 200 000.
Trois jours plus tard, le 9 août 1945, une seconde bombe est larguée sur la ville de Nagasaki. Cette fois, il s’agit de Fat Man. Environ 35 000 à 40 000 personnes meurent sur le coup. Fin 1945, on compte environ 74 000 morts. Là encore, les décès dus aux radiations continueront pendant des décennies. Le chiffre total de victimes liées à la bombe pourrait dépasser les 100 000.
Dans les deux villes, la radioactivité n’a pas laissé un « no man’s land » à la Tchernobyl : les radiations initiales étaient massives mais dégressives très rapidement. En quelques semaines, les niveaux sont redevenus compatibles avec la vie humaine, ce qui n’a pas empêché des mutations génétiques, des cancers multiples et des effets transgénérationnels.
Tsutomu Yamaguchi : il a survécu aux bombes d’Hiroshima et Nagasaki
Parmi les personnes qui ont vécu ces bombardements, il y a Tsutomu Yamaguchi. Ce dernier a vécu les deux bombes et a survécu aux deux !
Tsutomu Yamaguchi est un ingénieur japonais né en 1916 et mort en 2010 d’un cancer de l’estomac. Il reste aujourd’hui la seule personne officiellement reconnue par le gouvernement japonais comme ayant survécu aux deux bombardements atomiques de la Seconde Guerre mondiale : celui d’Hiroshima le 6 août 1945, puis celui de Nagasaki le 9 août.
Le 6 août, Yamaguchi se trouve à Hiroshima pour son travail chez Mitsubishi Heavy Industries. C’est le dernier jour de sa mission. Mais à 8 h 15, la première bombe atomique de l’histoire, Little Boy, explose au-dessus de la ville.
Il est grièvement blessé : brûlures profondes aux bras et au visage, perte temporaire de l’ouïe et de la vue. Il perdra à vie l’usage de son oreille gauche. Malgré ses blessures, il passe la nuit dans un abri de fortune, puis prend le train pour rentrer à Nagasaki, où vivent sa femme et son fils. Il est effectivement né là-bas et y vivait.
Le 9 août, trois jours plus tard, Nagasaki est à son tour frappée par une bombe nucléaire, Fat Man. Yamaguchi y survit une seconde fois.
VOIR AUSSI : Un iPhone retrouvé à Hiroshima dans les années 80 ?
Lui et ses proches, tous morts de cancers
Il fait partie de ce petit nombre d’hommes et de femmes qui ont vécu l’impensable… deux fois. Pourtant, pendant des années, il garde le silence. Sa famille le lui demande, car les hibakusha, soit les survivants des bombardements, sont discriminés, jugés « dangereux » à cause des maladies qu’ils pourraient développer.
Ce n’est qu’à partir des années 1980 que Yamaguchi commence à témoigner. Après avoir vu sa femme et son fils mourir de cancers qu’il attribue aux radiations, il décide de s’engager pour la paix. Il prend la parole dans les médias, dans les écoles, et milite pour l’abolition des armes nucléaires. En 2005, il publie Le Camphrier irradié, où il raconte sa propre histoire. Un documentaire, Twice, lui est également consacré en 2006.
Il faudra attendre 2009, soit 63 ans après les faits, pour que le gouvernement japonais reconnaisse officiellement qu’il a bien été victime des deux bombardements. Une reconnaissance tardive, mais symbolique. Tsutomu Yamaguchi meurt quelques mois plus tard, en janvier 2010. Jusqu’au bout, il aura fait de son double traumatisme un combat pour la mémoire et la paix.
NuMedia est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :