Le mot boomer, c’est un peu comme un couteau suisse générationnel : il sert à tout, souvent pour clasher, parfois pour débattre, et presque toujours pour souligner un fossé entre deux mondes. Mais d’où vient ce terme, et surtout, pourquoi est-il devenu une sorte d’insulte sur Internet ? Décryptage.
1. L’origine : les baby-boomers
À la base, boomer est une référence aux baby-boomers, cette génération née entre 1945 et 1965, juste après la Seconde Guerre mondiale. Un vrai baby-boom : en France, le taux de natalité explose, la reconstruction économique est en marche, et les Trente Glorieuses offrent un cadre de vie propice à la croissance et à la prospérité.
Les baby-boomers, c’est la génération de mai 68, du plein-emploi, de la montée de la société de consommation et des premiers rockeurs.
Ils ont grandi avec l’idée que le travail paie, que la société avance dans le bon sens, et qu’avec la volonté, on peut s’en sortir. Et ce sont aussi les actuels grand-parents et parents des générations Y et Z. Mais leur vision du monde va se heurter à la réalité des générations suivantes… Et c’est de cette dualité qu’est né le « boomer ».
VOIR AUSSI : Le Gen Z ne veut plus travailler ? Mais, c’est quoi la génération z ?
2. Pourquoi « boomer » est devenu une moquerie ?
Le mot « boomer » prend une tournure totalement différente à partir des années 2010, surtout avec la montée des tensions intergénérationnelles. En 2019, il explose avec l’expression « OK boomer« , qui devient un meme planétaire.
Dans ces années, de 2010 à 2020, les baby-boomers observent sans trop comprendre la montée rapide des réseaux sociaux. Ils n’ont pas connu cela et se sentent en décalage.
Durant ces années, cette génération a entre 40 et 70 ans. Alors que les générations Y et Z, leurs enfants et petits-enfants sont bien plus jeunes et apprennent (ou vivent déjà) avec les réseaux et ses memes.
C’est alors une réponse cinglante, souvent ironique, adressée aux personnes jugées déconnectées de la réalité des jeunes générations. Un boomer, dans ce contexte, c’est quelqu’un qui :
- Pense que tout le monde peut devenir propriétaire facilement : « À mon époque, avec un simple CDI, on achetait une maison à 25 ans ! »
- Dénigre les jeunes générations : « Les jeunes ne veulent plus travailler, ils passent leur temps sur leur téléphone. »
- A du mal avec les nouvelles technologies : « Pourquoi t’écris pas un mail au lieu d’envoyer un WhatsApp ? »
- Ne comprend pas internet et les réseaux : il dit encore « l’internet » ou « le face de book » et vous dit « c’est qui ? » au lieu de dire lorsque vous lui montrez un meme drôle. Bref, c’est la vidéo de Cyprien sur « les vieux et la technologie »…
- Nie certaines évolutions sociétales : « L’écologie ? Ça fait 50 ans qu’on en parle, y’a toujours eu du mauvais temps. »
VOIR AUSSI : C’est quoi le mouvement de la « red pill » sur les réseaux ?
3. Un terme devenu (presque) universel
Le plus intéressant, c’est que boomer ne désigne plus uniquement les baby-boomers. C’est devenu un terme générique pour toute personne qui adopte une mentalité « vieille école« , même si elle a 35 ans.
Exemples ? Ton pote de 30 ans qui ne veut pas installer TikTok parce que « c’est débile » ? Boomer. Quelqu’un qui galère à comprendre un GIF sur Twitter ? Boomer. Un collègue de 40 ans qui insiste pour passer par Excel au lieu d’utiliser un logiciel moderne ? Boomer.
Bien sûr, personne ne dit « boomer » sans haine derrière ou alors c’est simplement pour faire une petite blague générationnelle. Une personne bien attentionnée ne va pas dénigrer, mais chercher à expliquer.
VOIR AUSSI : C’est quoi un « bodycount » et pourquoi ça fait parler ?
4. Des critiques et des débats autour du terme
Si l’expression « OK boomer » fait rire beaucoup de jeunes, elle n’est pas sans conséquences. Plusieurs critiques ont émergé. Beaucoup de gens pensent que c’est un terme injuste.
Tous les baby-boomers ne sont pas forcément déconnectés de la réalité. Certains sont très engagés sur des sujets comme l’écologie, le féminisme ou les nouvelles technologies.
D’autres pensent que c’est aussi une excuse pour éviter le débat. Répondre « OK boomer » à quelqu’un, c’est souvent une manière de couper court à une discussion sans chercher à argumenter.
NuMedia est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :