L’une incarne la monarchie dans ce qu’elle a de plus lisse, l’autre y a mis un grand coup de pied. Depuis qu’elle est entrée dans la famille royale britannique, Meghan Markle déchaîne les passions. Pour certains, elle est l’intruse, la fausse note dans une partition millimétrée. Pour d’autres, elle est la voix dissonante d’un système en bout de course.
En 2020, avec le prince Harry, elle claque la porte. Destination la Californie. Une rupture inédite dans l’histoire moderne de la monarchie. Mais derrière les gros titres et les polémiques, une question demeure : pourquoi est-elle moins aimée que Kate Middleton ?
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L’actrice qui voulait vivre dans le script… mais pas celui de la Couronne
Quand Kate Middleton entre dans la vie de William, elle incarne une figure familière aux Britanniques : jeune femme issue de la bonne société, bien éduquée, discrète, sans casser les codes. Elle est patiente, polie, presque effacée au début. Son chemin est celui de la tradition. En retour, la presse l’élève au rang de duchesse-modèle. Future reine, sans bavure.
À l’opposé, Meghan Markle arrive avec son propre script. Actrice américaine, divorcée, féministe engagée, issue d’une famille métissée et d’un milieu plus modeste, elle n’a pas été formatée par les convenances royales. Elle a sa voix, son parcours, son indépendance. Et elle ne compte pas l’effacer pour se plier aux codes d’une monarchie encore imprégnée de rigidités victoriennes.
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Une royauté qui n’aime pas les déviations ?
Le système royal britannique fonctionne comme une horloge ancienne : chacun y a un rôle. Harry, deuxième fils, était censé soutenir son frère, pas éclipser le futur roi. Quand lui et Meghan deviennent les stars du couple, avec plus de clics, plus de popularité sur les réseaux, plus d’interviews iconiques, la machine royale grince.
Meghan refuse de rentrer dans le moule. Elle impose ses choix, ses horaires, ses convictions. En coulisses, les frictions explosent.
Accusations d’acharnement médiatique et une pression institutionnelle… Elle déclare avoir été poussée à bout. Harry prend parti. Ensemble, ils quittent le navire. C’est inédit. Et pour beaucoup d’observateurs du Royaume, inacceptable.
La presse anglaise, tribunal sans avocat
L’autre facteur-clé, c’est la presse. Dès ses premiers pas royaux, Meghan devient une cible. Comparée systématiquement à Kate, souvent à son désavantage, elle est accusée d’être trop “californienne”, trop dépensière, trop autoritaire.
Une étude du Guardian publiée en 2021 a montré que les titres tabloïds britanniques la traitaient trois fois plus négativement que sa belle-sœur. Même les mêmes comportements sont jugés différemment : quand Kate touche son ventre pendant une grossesse, c’est “attendrissant”. Quand Meghan le fait, c’est “narcissique”.
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Le “Megxit” : émancipation ou trahison ?
En janvier 2020, Meghan et Harry annoncent leur retrait de leurs fonctions royales. Ils ne seront plus membres “actifs” de la famille. Fini les obligations, les visites, les couronnes en plastique pour les enfants malades. Ils partent vivre aux États-Unis. C’est le Megxit.
Ils gardent leurs titres, mais perdent l’aura. Et surtout, ils ouvrent une nouvelle guerre : celle de la communication. Interview-choc avec Oprah Winfrey, documentaire Netflix, autobiographie de Harry, podcast de Meghan. Tout y passe.
Mais cette stratégie médiatique se retourne partiellement contre eux. À force de raconter leur histoire en boucle, le grand public commence à s’en lasser. Le storytelling victimaire perd en force. L’image de Meghan devient celle d’une femme qui veut avoir le dernier mot. Et ça ne passe pas.
Une reine dans l’ombre d’une autre
Face à ce raz de marée, Kate Middleton reste droite dans ses escarpins. Silencieuse, maîtrisée, dans la continuité de la reine Elizabeth II. Le contraste est saisissant. Là où Meghan se bat, Kate incarne la résilience passive. Elle ne parle pas, elle endure, elle fait front.
Ce comportement plaît. Il rassure une partie de l’opinion britannique attachée aux traditions. Dans une monarchie fondée sur le devoir et la réserve, Meghan dérange par son individualisme. Kate rassure par sa conformité.
Le problème, c’est que ce schéma binaire est construit. Et il écrase la complexité de deux femmes bien réelles, chacune prise dans un système qui les dépasse.
Meghan Markle cristallise toutes les tensions de notre époque : entre tradition et modernité, féminisme et conservatisme, visibilité et silence. Sa moindre apparition déclenche les débats les plus virulents. Parce qu’elle est différente et parce qu’elle refuse de se taire.
Elle n’est pas moins aimée que Kate Middleton par accident. En fait, elle est moins aimée parce qu’elle symbolise une autre façon d’être, de parler, de refuser les règles. Et ça, dans une monarchie figée, ça fait peur. Et vous, qu’est-ce qui vous dérange le plus chez Meghan : ce qu’elle est, ou ce qu’elle refuse d’être ?
Images : Deposit.
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