Depuis le 1er janvier 2025, une nouvelle étiquette générationnelle a fait son apparition : la génération Bêta. Ces enfants naîtront entre 2025 et 2039. Ils grandiront dans un monde où l’intelligence artificielle (IA), l’automatisation et les réalités virtuelles seront aussi banales que l’électricité ou Internet pour les générations précédentes. Mais que signifie réellement cette nouvelle catégorie ? Est-elle pertinente ou simplement un coup de com’ marketing ? Découvrez aussi les polémiques autour de ces appellations.
Sommaire
Une suite logique après Alpha, mais une rupture totale
L’appellation génération Bêta a été introduite par le démographe australien Mark McCrindle. C’est aussi lui qui est à l’origine de la « génération Alpha ». En s’inspirant de l’alphabet grec, il souhaitait marquer une nouvelle ère. Celle d’une jeunesse qui ne se contentera plus d’utiliser des technologies intelligentes, mais qui évoluera dans un monde totalement façonné par elles.
La génération Alpha (2010-2024) a assisté à l’essor des assistants vocaux, des tablettes éducatives et de la robotique domestique. La génération Bêta baigne, quant à elle, dès la naissance dans une réalité où l’IA n’est plus une innovation, mais un pilier fondamental de la société. Éducation personnalisée par algorithme, santé préventive gérée par des capteurs intelligents, voitures autonomes, environnements immersifs, etc. C’est dans cet univers que ces enfants vont se construire.
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Qui décide vraiment de ces noms de génération ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucune institution officielle qui décide des noms et des dates des générations. Ces appellations émergent au fil du temps, portées par des sociologues, des démographes, des chercheurs. Les cabinets de conseil et des acteurs du marketing se sont aussi pris eu jeu. C’est le cas de Mark McCrindle . En utilisant l’alphabet grec après la génération Z, il entendait marquer une nouvelle ère façonnée par des technologies disruptives.
Historiquement, les baby-boomers sont les premiers à avoir été désignés collectivement, notamment en raison de leur naissance en masse après la Seconde Guerre mondiale. Le nom « génération X » vient d’un reportage de Robert Capa dans les années 1950. Ensuite, il a été popularisé par l’écrivain Douglas Coupland. La génération Y ou Millennials a pris forme dans les années 2000, au moment du passage au numérique. Quant aux Z et Alpha, ce sont des continuités marketing.
Ce flou dans la définition et la désignation des générations suscite des critiques. Celles qui reviennent fréquemment : trop de généralisation, pas de base scientifique solide et un risque de stigmatiser certains comportements collectifs. Une controverse qu’on verra en détails un peu plus bas.
Que disent vraiment les classifications générationnelles ?
Depuis les baby-boomers jusqu’aux Alpha, les générations sont souvent définies par une tranche d’années, un contexte socio-économique, des technologies dominantes et un rapport au monde.
Les 6 Gen de 1946 à 2039
Voici alors un bref récapitulatif de la dénomination des générations qui se sont succédé depuis :
- Baby-boomers (1946-1964) : enfants de l’après-guerre, épris de croissance et d’optimisme
- Génération X (1965-1979) : marquée par les crises économiques et la montée de l’individualisme
- Génération Y / Millennials (1980-1994) : les premiers à être connectés, en quête de sens et d’équilibre pro/perso
- Génération Z / Zoomers (1995-2009) : ultra-connectée, mobile, créative et consciente des enjeux climatiques
- Génération Alpha (2010-2024) : premiers véritables natifs numériques, éduqués aux écrans
- Génération Bêta (2025-2039) : enfants de l’automatisation totale, de l’IA générative, et d’une société algorithmique
Cependant, cette catégorisation est-elle vraiment fiable ? Beaucoup d’experts s’accordent à dire qu’elle simplifie des réalités bien plus complexes. Chaque génération contient une grande diversité d’individus, de trajectoires, de cultures et de vécus. Réduire un milliard de personnes à une étiquette ? Risqué, voire contre-productif.
Une classification aussi utile que critiquée
En effet, derrière la séduction du concept se cache une polémique bien réelle. Classer les individus en « générations » peut sembler anodin, voire pratique pour décrypter les grandes tendances sociales. C’est d’ailleurs ce qui a fait le succès des termes comme baby-boomers, millennials ou génération Z. Ces étiquettes donnent l’illusion de comprendre rapidement les comportements d’un groupe, ses préférences, ses ambitions, ses peurs. Pour les entreprises, les gouvernements et les médias, la segmentation générationnelle est un outil de lecture puissant. Elle aide à concevoir des campagnes marketing ciblées, à anticiper les besoins futurs en matière d’éducation, de santé ou d’emploi. Elle peut aussi mesurer l’évolution des mentalités.
Bien sûr, cette approche est loin de faire l’unanimité. De nombreux sociologues et démographes la jugent scientifiquement bancale. Le Pew Research Center a d’ailleurs décidé en 2023 de ne plus utiliser ces catégories. Il estime qu’elles favorisent des stéréotypes et masquent la richesse des parcours individuels. Chaque génération regroupe des millions d’individus aux réalités diverses : culture, classe sociale, pays, genre, contexte familial. Autant de facteurs qui nuancent, voire contredisent, les généralités imposées.
En somme, la notion de génération est un outil utile pour penser les tendances globales, mais dangereux si elle devient un prisme rigide. Une grille de lecture, oui. Mais pas une vérité absolue.
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Cette nouvelle génération façonnée par l’IA et les grands défis de demain
Ce qui différencie profondément la génération Bêta, ce n’est pas seulement la technologie. C’est surtout l’infrastructure mentale qu’elle induit. Selon McCrindle, cette génération sera la première à ne plus faire la distinction entre monde réel et monde virtuel. Un peu comme nous avons cessé de faire la différence entre conversation physique et messagerie instantanée.
Les enfants Bêta apprendront probablement à lire avec l’aide d’outils d’intelligence artificielle. Ils seront suivis par des dispositifs de santé prédictive dès la naissance. Leur quotidien sera rempli d’interactions homme-machine optimisées, de contenus générés par IA. Le besoin constant de discerner le vrai du faux, l’humain de l’automatisé, sera sûrement au rendez-vous.
Et ce ne sont pas seulement des gadgets. L’impact est profond, culturel, éducatif, cognitif. Cette génération devra évoluer dans un monde bouleversé par des défis environnementaux. Il y aura également des enjeux géopolitiques majeurs, et une société en pleine redéfinition du travail, de la vie privée et de la créativité.
Que peut-on vraiment attendre de la génération Bêta ?
Il serait facile, et tentant, d’imaginer la génération Bêta comme un groupe d’enfants futuristes, déconnectés du réel, modelés par des algorithmes. Mais ce serait mal comprendre leur potentiel.
Au-delà des projections sur les voitures autonomes et les algorithmes omniprésents, cette génération devra surtout composer avec une série de défis inédits et passionnants. Leur rapport au monde sera profondément influencé par des contextes marqués :
- La crise climatique
- Les mutations du travail
- L’évolution de la santé mentale
- La montée des inégalités.
Autrement dit, ils ne seront pas seulement des enfants de l’IA, mais aussi des bâtisseurs d’un nouvel équilibre humain-techno-environnemental.
On peut attendre d’eux une maîtrise intuitive des outils numériques les plus avancés. Cependant, cette aisance devra s’accompagner d’un sens critique affûté. Cela, afin de ne pas se perdre dans les contenus générés artificiellement ou dans des réalités immersives déconnectées. Leur éducation devra donc former des esprits créatifs, résilients et éthiques. Ils doivent être capables de faire face à des dilemmes que nous ne faisons qu’entrevoir.
Enfin, la génération Bêta portera les valeurs léguées par leurs parents, les millennials et les Z. Ces derniers étant souvent plus soucieux de durabilité, de justice sociale et de bien-être. Ce mélange de haute technologie et d’humanisme pourrait bien être leur plus grande force.
Les générations Gamma et Delta déjà en attente
Selon les prévisions du cabinet australien McCrindle, la génération Bêta représentera environ 16 % de la population mondiale d’ici 2030, soit un poids démographique considérable. Ce chiffre souligne à quel point cette cohorte pèsera dans les décisions économiques, politiques et sociétales des prochaines décennies.
McCrindle ne compte pas s’arrêter là. En partant du principe qu’une génération se renouvelle tous les 15 ans, il a déjà établi la suite du calendrier. Après la génération Bêta (2025-2039), viendront les Gamma (2040-2054), puis les Delta (2055-2069). Un calendrier ambitieux, qui s’inscrit davantage dans une logique de prospective stratégique que dans un consensus scientifique.
Cette volonté d’anticiper les générations futures illustre bien la fonction quasi-marketing de ces appellations. Elles permettent d’imaginer des profils-types, d’orienter des études de consommation, voire d’influencer la conception des produits et services de demain. Reste à savoir si ces prochaines générations se reconnaîtront un jour dans ces étiquettes prédéfinies.
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Une étiquette à manier avec précaution
La génération Bêta représente sans aucun doute une rupture culturelle majeure. Elle incarne une jeunesse qui vivra dans un monde transformé par des technologies aujourd’hui encore balbutiantes. Mais il ne faut pas se laisser piéger par la prophétie autoréalisatrice des labels générationnels. Chaque enfant Bêta sera avant tout : un enfant. Curieux, adaptable, unique.
Maintenant, à nous, les précédentes générations, de réfléchir. Sommes-nous prêt à accompagner cette nouvelle génération vers un monde où l’humain et la machine devront coexister en harmonie ?
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