En explorant Reddit, on croise toutes sortes de récits : hacks de cuisine, photos de chats, confessions sordides. Mais parfois, on tombe sur un témoignage qui nous colle à la peau. C’est le cas du post publié par l’utilisateur Jocelyn_annee, sur le forum r/nosleep, il y a quelques jours, elle (ou il ?) parle de ses rêves.
Intitulé She Said I Could Visit Dreams, but Now She’s Living in Mine, ce texte, écrit à la première personne, brouille volontairement les frontières entre récit intime et fantastique dérangeant.
Il ne s’agit pas d’un fait divers, ni d’une histoire vérifiée. Mais d’un témoignage présenté comme réel, typique de la culture “nosleep” : une narration immersive, sombre, où l’auteur demande au lecteur de suspendre son incrédulité, juste le temps d’un frisson. Voici ce que dit ce récit.
Sommaire
Une rencontre improbable dans un centre de deuil
Le narrateur, vraisemblablement une femme, est en deuil de sa sœur, elle raconte s’être inscrit à une retraite de guérison émotionnelle. Un de ces lieux mêlant yoga, lithothérapie et promesses de reconstruction personnelle.
C’est là qu’elle fait la connaissance de Lena, une femme étrange, charismatique, installée seule sous un arbre au bord d’un lac. Lena lui dit, sans préambule : « Le chagrin t’enveloppe. Tu le portes comme une seconde peau ».
Lena affirme être une marcheuse de rêves. Elle prétend pouvoir aider à “dire au revoir” à ceux qu’on a perdus, en traversant leurs souvenirs, leurs images mentales, leurs échos. Une forme d’hypnose avancée, presque chamanique, que le narrateur accepte sans vraiment comprendre.
Une immersion de plus en plus profonde dans les rêves
Lors des premières séances, elle revit des souvenirs précis : le rire de sa sœur, l’odeur de leur maison d’enfance… et des détails qu’il croyait oubliés. Puis, un jour, elle la voit. Pas en souvenir. En présence. Dans un couloir mental, confuse, presque consciente de son état. Il n’a ni bouche, ni corps, mais il sent qu’il est là. Qu’elle est là aussi.
« Lena m’a tiré de là. Elle m’a dit que trop de contact était dangereux. Que l’écho pouvait devenir une addiction », explique-t-elle.
Mais le narrateur ne veut pas s’arrêter. Elle supplie Lena de l’emmener plus loin. Et, elle cède. Et c’est là que le récit bascule.
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Projection astrale, corps abandonné… et intrus
Lena lui enseigne la projection astrale, prétendant que son esprit est “poreux, glissant”. Elle apprend à quitter son corps, à errer sur les lieux du centre, à visiter les rêves d’inconnus. Et, elle retourne voir sa sœur, encore et encore.
Mais Lena le prévient : « Là-bas, le temps n’est pas linéaire. Et tu n’es pas seule ».
Une nuit, elle ne revient pas tout de suite. Quand elle se réveille, elle sent que quelque chose a changé. Son corps ne lui répond plus parfaitement. Son reflet cligne des yeux en décalé. Et Lena, d’abord distante, finit par avouer : « Quelque chose t’a suivi ».
Les événements s’accélèrent. Elle perd connaissance. Se réveille dans le lac. Trouve du sang sur ses mains. Lena lui avoue que quelqu’un d’autre est peut-être en train de “tenir le volant” à sa place.
Le « reflet » ?
Ce “quelqu’un”, c’est Le reflet. Une entité qui dit avoir été piégée dans le monde des rêves pendant des siècles. Lena lui aurait promis une issue, à condition qu’il trouve un esprit assez fragile pour lui servir de porte d’entrée.
Ce serait le narrateur. Et désormais, elle n’est plus chez elle. « Je le vois vivre ma vie. Il sourit à mes amis. Il embrasse Lena. Et personne ne remarque que ce n’est pas moi », dit-il.
Coincé dans un espace mental qui n’est plus le sien, le narrateur affirme ne reprendre le contrôle que par bribes, quelques secondes, avant d’être repoussé. Elle dit murmurer à Lena dans ses rêves. Et parfois, elle pleure.
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Entre récit surnaturel et métaphore du deuil ?
Ce témoignage trouble parce qu’il fonctionne à plusieurs niveaux. On peut le lire comme une histoire de possession, une fantaisie surnaturelle efficace, dans la lignée de Get Out ou Black Mirror. Mais on peut aussi y voir une allégorie du deuil, de la dissociation psychique, voire de la dépression.
Le “reflet” pourrait être cette version de nous-mêmes que le deuil transforme. L’étranger que nous devenons quand on ne reconnaît plus notre propre vie. Lena, elle, pourrait être l’incarnation du déni : une promesse de réconfort qui finit par trahir.
Sur Reddit, le post a reçu beaucoup de votes positifs et de commentaires. Aucun jump scare, pas de grand twist, juste une descente douce et glacée dans un cauchemar psychologique.
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