Depuis son introduction accidentelle, le frelon asiatique Vespa velutina est devenu un véritable cauchemar pour les apiculteurs européens. Ce prédateur essentiellement d’insectes, dont les abeilles. Le frelon menace ainsi sérieusement les populations des ruches et, par extension, l’écosystème et l’apiculture.
Sommaire
Le frelon asiatique, une menace sur l’apiculture
Les origines du frelon asiatique
Le frelon asiatique Vespa velutina, comme son nom l’indique, vient de l’Asie. Aussi connu sous le nom de frelon à pattes jaunes, il a été introduit accidentellement en France en 2004. Cette arrivée a débuté avec une reine cachée dans un envoi de poteries chinoises dans le Lot-et-Garonne.
Depuis, cet envahisseur redoutable a colonisé plus de la moitié du territoire français et s’est étendu à d’autres pays européens, tels que l’Espagne, l’Italie, et l’Allemagne. Reconnu comme un nuisible majeur par l’Union européenne, le frelon asiatique représente une menace sérieuse pour les abeilles, sans défense naturelle contre lui.
Les apiculteurs cherchent encore des solutions adéquates pour protéger leurs ruches face à cette espèce invasive dont la progression annuelle dépasse 60 km.
Comment le frelon détruit l’apiculture ?
Si on connait ses origines, il est temps de découvrir son mode opératoire. Comment le frelon pose une menace sur l’apiculture européenne ?
Le frelon attaque les abeilles de manière efficace et destructrice. Pour cela, il se positionne à l’entrée des ruches et surprend les ouvrières chargées de pollen. Le prédateur tue alors ses victimes avec une rapidité et une précision alarmantes grâce à ses puissantes mandibules.
Il décapite ses victimes, dépeçant ensuite le corps pour nourrir ses larves. Cette technique d’attaque a un impact dévastateur sur les colonies d’abeilles. Quelques frelons sont capables de décimer une ruche entière. De plus, leur capacité à détruire les couvains menace l’existence même des colonies, mettant ainsi en danger l’apiculture européenne.
Les abeilles servent donc pour nourrir le couvain du frelon en protéines. Elles représentent d’ailleurs 30 % du régime alimentaire du prédateur selon la Revue Insectes, numéro 169, 2e trimestre 2013, INRA.
Comment différencier le frelon asiatique du frelon européen ?
Bien qu’on ait déjà mentionné comment identifier le frelon asiatique dans nos articles sur cet insecte, il est toujours bon de résumer un peu son apparence. En effet, son homologue européen est presque inoffensif pour l’apiculture, contraire au frelon asiatique. Les différencier vous permettrait donc de prévoir les mesures à prendre pour vos abeilles.
Le frelon asiatique, communément appelé le « frelon à pattes jaunes », se distingue par sa taille plus modeste. Il atteint environ 3 cm avec sa tête allongée. Son abdomen arbore un seul anneau orange caractéristique à son extrémité, contrastant avec ses pattes jaunes distinctives.
En comparaison, le frelon européen est plus grand. Il peut mesurer jusqu’à 4 cm avec sa tête arrondie et brune. Son abdomen est de couleur jaune ornée de fines rayures noires, et il possède des pattes entièrement marron. Il vous suffit ainsi de vérifier l’abdomen et la taille pour reconnaitre rapidement l’espèce.
Outre l’insecte lui-même, il est aussi possible de différencier les deux espèces grâce à leurs nids. Les nids des frelons asiatiques se situent généralement, en hauteur et à proximité d’un point d’eau. Ils sont sphériques avec une entrée de 4 cm située en bas ou sur le côté. À l’inverse, les nids des frelons européens adoptent une forme conique. Ils se trouvent souvent dans des endroits obscurs comme les troncs d’arbres ou les greniers. L’entrée est de 10 cm est plus large, et celle-ci se trouve en bas.
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Les abeilles démunies face à cette espèce invasive
Une apiculture européenne sans défense face au frelon ?
Le frelon est rapidement devenu un fléau redoutable et redouté pour les apiculteurs européens. C’est d’autant plus difficile, car la détection de sa présence près de la ruche est souvent tardive. Mais pourquoi le frelon asiatique présente-t-il un si grand danger pour l’apiculture ?
La première raison concerne le manque de mécanisme de défenses naturelles. Les abeilles européennes sont particulièrement vulnérables face à ces frelons, même si certaines défenses ont pu être observées. Ils ne sont en effet pas préparés face à ces prédateurs venus de l’étranger. Les abeilles sont incapables de résister à leurs attaques, ce qui peut entraîner l’effondrement de colonies entières. Les conséquences de cette vulnérabilité face au frelon ne se limitent pas seulement à l’apiculture. Cela affecte également l’ensemble de l’écosystème et l’agriculture qui dépendent de la pollinisation.
Face à cette menace, les apiculteurs cherchent des solutions pour protéger leurs ruches sans nuire aux abeilles. L’utilisation de pesticides chimiques n’est cependant pas une option viable, car elle peut avoir des effets délétères sur les abeilles et l’environnement. Par conséquent, la recherche de méthodes alternatives, plus écologiques et sûres pour la population des ruches est devenue une priorité.
Voici une vidéo montrant comment la lutte naturelle est injuste :
Les abeilles européennes face aux prédateurs
Les abeilles européennes possèdent tout de même quelques mécanismes de défense contre les frelons locaux. Malgré cela, elles se retrouvent désarmées face à l’invasion du frelon asiatique. Les stratégies comme la formation d’un « tapis » protecteur à l’entrée de la ruche, efficace contre les frelons européens et orientaux, s’avèrent inutiles contre cette menace extérieure.
Les abeilles asiatiques Apis cerana ont toutefois développé une méthode de défense plus sophistiquée. Il s’agit du « thermo-balling ». En entourant le frelon et en générant de la chaleur par le battement de leurs ailes, elles tentent de l’étouffer. Cependant, les études récentes suggèrent que cette élévation de température ne suffit pas toujours pour tuer le prédateur.
Un cas particulier est celui des abeilles de Chypre, Apis mellifera cypria. Ceux-ci ont adapté une tactique unique face au frelon oriental Vespa orientalis. Contrairement aux abeilles asiatiques, elles n’utilisent pas la chaleur pour combattre leur agresseur, mais le privent d’air en bloquant ses spiracles respiratoires sur l’abdomen. Il faut environ 150 à 300 abeilles pour appliquer cette stratégie astucieuse. Mais cela est le résultat d’une longue cohabitation et adaptation à un environnement stable où ces abeilles ont pu affiner leur méthode de défense.
Si ce scénario met en lumière la capacité d’adaptation des abeilles face à des prédateurs, mais souligne aussi leur vulnérabilité face à de nouvelles menaces. Cela concerne alors le frelon asiatique. Nos abeilles n’ont pas encore développé de mécanismes de défense efficaces face à cet ennemi.
VOIR AUSSI : Comment les bourdons se protègent contre les frelons asiatiques ?
La limite des méthodes chimiques pour faire face au frelon
Le frelon asiatique est classé comme danger sanitaire de deuxième catégorie pour l’abeille domestique par l’arrêté ministériel de 2012. Ce sont alors les particuliers, les collectivités locales ou les associations qui prennent en charge la défense contre ce fléau redoutable. Mais face à une telle menace, les syndicats apicoles réclament que cette espèce invasive soit classée parmi la première catégorie. Cela permettrait de rendre obligatoire la lutte au niveau national.
Parmi les stratégies pour faire aux menaces, on retrouve l’appel aux désinsectiseurs. Pour lutter contre la menace, ces professionnels diffusent un mélange d’insecticides dans les nids de frelons. Cette intervention affiche toutefois un coût élevé, et présente un inconvénient de taille. Cette tactique est impossible à réaliser face à des nids qui sont haut perchés.
Localiser les nids de frelons asiatiques s’avère complexe, car la majorité se trouve en hauteur et camouflée par la végétation. Environ 73 % des nids sont perchés à plus de 10 mètres, selon le Museum national d’Histoire naturelle. Cela rend leur traitement encore plus difficile et coûteux.
Pour les détruire, les apiculteurs ont alors recours à des produits chimiques comme le dioxyde de soufre. Or, ce produit ne figure pas dans le registre européen des substances biocides selon les normes européennes. Cela le rend donc interdit de facto. D’autres utilisent de la perméthrine, diffusée à l’intérieur des nids. Il s’agit d’un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes, qui peut être hautement toxique. Dus aux risques environnementaux, les nids traités chimiquement peuvent être dangereux pour les oiseaux se nourrissant des larves.
Les différentes techniques artisanales
La lutte contre le frelon asiatique, Vespa velutina, nécessite une compréhension approfondie de son cycle de vie pour cibler efficacement ses points faibles. Les frelons construisent des nids primaires au printemps, suivis de nids secondaires plus grands en été. En hiver, la reine hiberne, laissant le nid à l’abandon. Cette connaissance permet d’orienter la lutte vers les périodes les plus propices, évitant ainsi des efforts inutiles en hiver.
Piéger une reine frelon
Le piégeage des reines au début du printemps est crucial. Les pièges artisanaux, facilement fabriqués avec des bouteilles en plastique et un appât de bière brune, sirop et vin blanc, peuvent être efficaces. Ces pièges, placés en hauteur, doivent être vérifiés et rechargés régulièrement. Cependant, leur sélectivité reste un défi, car ils attirent souvent d’autres insectes.
En vidéo l’explication de la bouteille pour piéger la reine :
Adapter les ruches face à la menace
Pour protéger les colonies d’abeilles, les apiculteurs ont réduit la taille de l’entrée des ruches. Réduire cette taille de l’entrée à 5,5 mm de hauteur permet ainsi d’empêcher les frelons d’entrer, tout en permettant aux abeilles de passer. Certains utilisent également des poules ou des canards près des ruches. Ces derniers sont en effet friands de frelons et peuvent les gober lorsqu’ils sont en vol stationnaire devant les ruches sans toucher aux abeilles.
Les plantes carnivores comme alternatives naturelles
La plante carnivore Sarracenia est une autre méthode écologique pour capturer les frelons. Bien que son efficacité soit limitée à petite échelle, elle offre un moyen naturel de lutte contre ces prédateurs.
Diverses tactiques et recherches à appliquer
Les apiculteurs cherchent par ailleurs des méthodes innovantes pour protéger leurs colonies. On peut par exemple une technique expérimentale impliquant la « contamination du nid ». Pour cela, un frelon est capturé, enduit de produit anti-fourmi, puis relâché pour contaminer son nid. Cependant, cette approche soulève des questions environnementales.
On a déjà évoqué la recherche et la destruction de nids, mais cette approche nécessite évidemment des professionnels. Elle figure toutefois parmi les méthodes les plus efficaces. Bien que certaines de ces méthodes puissent paraître farfelues, elles reflètent l’ingéniosité et la détermination des apiculteurs et des citoyens dans la lutte contre cette espèce invasive. La recherche continue et la collaboration sont essentielles pour développer des solutions plus efficaces et respectueuses de l’environnement.
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Un commentaire
LA REINE A BESOIN DE MATERIAUX POUR CONSTRUIRE LES ALVEOLES DU NID PRIMAIRE. LESQUELS ? LES CONNAITRES PERMETTRAIT DE LUI PROPOSER DANS DES PIEGES ADAPTES.
EX LE FRELON EUROPÉEN ADORE LECORCE DE LILAS