L’anesthésie générale est censée plonger le patient dans un état d’inconscience complet, sans douleur ni souvenir. Pourtant, dans de très rares cas, des patients se réveillent partiellement pendant l’intervention. Ce phénomène s’appelle l’éveil peropératoire. Que ressent-on ? Est-ce douloureux ? Peut-on l’éviter ? Voici les réponses à vos questions.
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Se réveiller pendant une anesthésie : est-ce possible ?
Oui, mais cela reste exceptionnel. L’éveil survient chez 1 à 2 patients sur 1000, selon les études françaises, et jusqu’à 1 sur 20 000 pour les cas les plus marquants (avec souvenir clair et douleur).
Elle se produit lorsque l’anesthésie est insuffisante : dosage trop bas, métabolisme particulier, problème technique, ou décision médicale délibérée (par exemple lors d’une césarienne en urgence avec doses limitées pour protéger le bébé).
Que ressent un patient lors de cet éveil ?
Les expériences varient, mais les cas les plus fréquents rapportent une sensation de paralysie (liée aux curares, empêchant tout mouvement), une douleur intense (dans les cas les plus graves, si les antalgiques sont insuffisants), des sons entendus en salle d’opération (voix, instruments), un sentiment d’oppression, de panique, de suffocation, ou des hallucinations auditives ou visuelles (moins courantes, liées à l’état semi-conscient).
Dans environ 50 % des cas, le patient n’en garde aucun souvenir conscient, ou uniquement des rêves flous ou confus. Beaucoup de patients évoquent des « rêves » au réveil. Mais sous anesthésie générale, le cerveau ne rêve pas comme durant le sommeil paradoxal.
Ces sensations sont souvent liées à des perceptions résiduelles ou à l’induction de l’anesthésie, pas à de véritables rêves. On parle plutôt de confusion mentale postopératoire, parfois accompagnée d’images mentales ou d’émotions désordonnées. Ce n’est pas du rêve, au sens neurophysiologique.
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Peut-on bouger ou parler sous anesthésie ?
Non, et c’est ce qui rend l’éveil si traumatisante. Les produits utilisés paralysent totalement le corps, empêchant tout mouvement ou parole. Un patient pleinement conscient ne peut pas alerter l’équipe médicale. Ce verrou neuro-musculaire empêche toute communication, d’où la nécessité d’une surveillance rigoureuse.
Que ressent un patient pendant une opération sous anesthésie réussie ?
Lorsqu’une anesthésie générale est réussie, c’est-à-dire correctement dosée, bien surveillée, et adaptée au patient, le patient ne ressent rien. Aucun son, aucune douleur, aucune sensation corporelle. Le cerveau est temporairement déconnecté du monde extérieur, comme mis en pause.
Contrairement au sommeil naturel, l’anesthésie ne génère pas de rêve structuré. Ce n’est pas un sommeil profond, mais un état d’inconscience pharmacologique, où les circuits de la douleur, de la mémoire et de la conscience sont inhibés.
Le patient ne perçoit pas les gestes chirurgicaux. Il n’entend pas les voix, il ne ressent pas le passage du temps. Il ne flotte pas dans un monde onirique, à moins que l’induction (l’entrée dans l’anesthésie) ne provoque une désorientation temporaire.
Dans certains cas, le réveil est accompagné de confusion, d’amnésie partielle, voire de sensation de rêve flou, mais cela ne correspond pas à un vécu sous anesthésie : ce sont plutôt des effets secondaires du réveil ou de certains produits.
Existe-t-il des moyens de prévenir le réveil sous anesthésie ?
Oui, car l’anesthésie est aujourd’hui hautement surveillée par des moniteurs d’activité cérébrale (BIS, EEG), par des capteurs de tension, de fréquence cardiaque, d’oxygénation, et grâce à des logiciels de dosage automatique.
Les équipes sont formées à détecter les signes d’éveil : variations cardiaques, larmes, frissons, sudation… même sous paralysie musculaire. L’anesthésiste ajuste en permanence les produits pour éviter ce phénomène. Les cas résiduels sont dus à des circonstances extrêmes ou imprévues.
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Que faire si cela vous arrive ?
Les patients qui en ont été victimes peuvent, d’abord, demander un entretien post-opératoire avec l’anesthésiste, puis être orientés vers un suivi psychologique (stress post-traumatique possible).
Pendant l’événement, il faut essayer de rester calme, même si cela est difficile. Si vous avez la possibilité d’alerter l’équipe, faites-le. Sinon, il faudra attendre, mais surtout éviter de paniquer. Cet état ne durera pas, il faut le garder à l’esprit, même si c’est perturbant sur le moment.
Après cela, il faudra cependant signaler l’événement à la cellule qualité de l’hôpital. Par la suite, il faudra aussi faire inscrire cet antécédent dans leur dossier médical, pour une vigilance renforcée à l’avenir.
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