On a tous eu ce moment de bug monumental. Le mot est là, quelque part, au bout de la langue, mais impossible de le sortir. Frustrant ? Oui. Inquiétant ? Pas vraiment. Parce que contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’oubli de mots n’est pas le meilleur indicateur d’un déclin cognitif. En revanche, un ralentissement général de votre façon de parler, lui, pourrait être un vrai signal d’alarme. C’est ce que révèle une étude récente menée par des chercheurs du Baycrest Centre et de l’Université de Toronto.
Santé du cerveau : l’IA au service du diagnostic précoce
L’étude, publiée dans Aging, Neuropsychology, and Cognition, a analysé la parole de 125 adultes grâce à l’intelligence artificielle. L’objectif était de détecter des signes précoces de déclin cognitif en examinant la vitesse d’élocution, la durée des pauses et la variété des mots utilisés.
Les participants ont passé plusieurs tests : Une description de scène complexe pendant 60 secondes, analysée par l’IA ; un test d’interférence image-mot (exemple : voir un balai et entendre « ballet ») ; et des tests cognitifs classiques sur les fonctions exécutives.
Les chercheurs ont constaté que ceux qui parlaient plus lentement présentaient une baisse de leurs fonctions exécutives, c’est-à-dire leur capacité à planifier, à prendre des décisions et à gérer plusieurs informations en même temps.
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La grande différence entre ralentissement et pauses
Chercher ses mots et marquer une pause, c’est normal. Mais si votre rythme de parole ralentit de façon générale, même sans hésitation, c’est une autre histoire.
Pourquoi ? Parce que parler, c’est un sport de haut niveau pour le cerveau. Cela mobilise la mémoire, la coordination et le langage en un temps record. Si l’un des rouages coince, cela peut signaler un problème sous-jacent.
Le Dr Jed Meltzer, principal auteur de l’étude, résume bien la chose : « Nos résultats indiquent que des changements dans la vitesse de parole peuvent refléter des changements dans le cerveau. »
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Vers une détection précoce des maladies neurodégénératives ?
Actuellement, les troubles cognitifs sont diagnostiqués à travers des tests standardisés, souvent réalisés trop tard. Mais avec l’IA et le traitement automatique du langage, il devient possible de repérer des signes subtils bien avant que les symptômes ne s’aggravent.
Des entreprises comme Winterlight Labs développent des outils capables d’analyser la parole à partir d’un simple enregistrement vocal. Ces technologies mesurent la vitesse d’élocution, la longueur des pauses et la complexité grammaticale d’un discours. L’objectif est de permettre aux médecins de poser un diagnostic précoce avec un simple échantillon de conversation.
Mais ce n’est pas tout. L’IA pourrait également détecter des signes de déclin cognitif à partir d’analyses rétiniennes. Une étude menée à l’Université de Londres explore cette piste, ouvrant la voie à des diagnostics ultra-précoces.
Si parler plus lentement est un signe de déclin cognitif, à quoi ressemblera la médecine de demain ? On peut imaginer un monde où un simple test vocal ou un examen oculaire suffirait à repérer des maladies comme Alzheimer bien avant l’apparition des premiers symptômes. Un espoir immense pour une prise en charge plus rapide et efficace.
En attendant, si vous avez l’impression de ralentir, ne paniquez pas tout de suite. Mais restez attentifs. Votre façon de parler en dit peut-être plus long sur votre cerveau que vous ne le pensez…
Source : Science et vie.
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