Devenir parent, devenir maman, est souvent présenté comme une bénédiction, un accomplissement personnel, voire une évidence pour beaucoup. Pourtant, derrière les photos Instagram impeccablement retouchées et les sourires figés des cartes de vœux, une réalité bien moins reluisante persiste.
De nombreuses mères, qu’elles osent l’avouer ou non, souffrent en silence et se surprennent à murmurer dans leur tête : « Je ne supporte plus ma vie de maman. » Ce cri du cœur, encore tabou, reflète une détresse qu’il est urgent de prendre au sérieux.
PS : nous parlons ici de mamans, mais cela s’applique aussi aux papas !
Sommaire
Devenir maman : une charge mentale, un fardeau invisible
L’une des principales raisons de ce mal-être réside dans la charge mentale. Être maman ne se résume pas seulement à aimer ses enfants ou à veiller à leur bien-être.
C’est aussi jongler avec une myriade de responsabilités : organiser la maison, planifier les rendez-vous médicaux, surveiller les devoirs, penser au menu du soir, tout en gérant parfois une carrière et des attentes sociales.
Ce poids constant épuise, surtout lorsqu’il est porté dans la solitude, sans reconnaissance ni partage équitable des tâches au sein du foyer.
Certaines femmes avouent ressentir une pression écrasante dès qu’elles ouvrent les yeux. Devoir anticiper, prévoir, exécuter et surveiller sans relâche peut rapidement devenir accablant.
Plus qu’un simple quotidien surchargé, cela devient un marathon incessant. Lorsque la fatigue s’accumule, tout geste ou activité anodine peut soudainement sembler insurmontable.
Pire encore, cette surcharge est souvent considérée comme « normale », ce qui amène les mères à minimiser leur épuisement et à culpabiliser de ne pas « tenir le coup ».
Le mythe de la « bonne mère » qu’il faut déconstruire (absolument)
La société joue également un rôle dans cette pression insoutenable. Depuis toujours, des standards irréalistes sont imposés aux femmes.
Une « bonne mère » est censée tout gérer avec le sourire, ne jamais craquer, et surtout mettre ses besoins en veilleuse pour ceux de ses enfants.
Ce mythe persistant alimente un cercle vicieux : plus une femme se envoie incapable d’atteindre cet idéal, plus elle se culpabilise, et plus son mal-être grandit.
Les réseaux sociaux, avec leur lot de comparaisons toxiques, n’arrangent rien. À force de voir défiler des clichés d’autres mamans prétendument parfaites, certaines finissent par se demander si elles ne sont pas simplement « mauvaises ». Ce jugement intérieur peut devenir destructeur.
Ajoutons à cela les jugements extérieurs. Une mère fatiguée ou irritée se verra souvent manifestée : trop stricte ou pas assez, trop absente ou trop investie. Ces injonctions contradictoires sont une source d’anxiété constante, enfermant les mères dans un rôle où elles se sentent constamment en échec.
L’isolement et le manque de soutien, un vrai problème
Beaucoup de mamans se sentent seules dans leur quotidien. Les amis sans enfants ne comprennent pas toujours leurs préoccupations, et les familles élargies ne sont pas toujours présentes pour offrir un coup de main.
Cette solitude renforce l’impression d’être « piégée » dans un rôle dont on ne peut s’échapper, mais auquel il est difficile de se confier sans craindre le jugement.
Même au sein du couple, la communication sur ce sujet est souvent complexe. Par honte ou par peur de ne pas être compris, une mère peut choisir de garder pour elle ses émotions négatives.
Elle s’enferme alors dans une spirale où l’épuisement devient insupportable. Dans certains cas, cela peut conduire à des tensions au sein du foyer, renforçant encore davantage ce sentiment d’isolement.
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Le syndrome du burn-out parental, ça existe ?
Cette situation peut conduire à ce que les experts appellent le « burn-out parental ». Ce syndrome, bien que peu médiatisé, est un état d’épuisement intense associé à une perte de plaisir dans son rôle de parent et à un sentiment de détachement vis-à-vis de ses enfants.
Il ne s’agit pas d’un simple « coup de mou », mais d’un véritable état de crise qui nécessite une prise en charge. Le burn-out parental se manifeste souvent par des symptômes physiques (fatigue chronique, insomnie), émotionnels (irritabilité, anxiété).
Mais aussi des symptômes psychologiques (sentiment de vide, perte d’intérêt pour ses propres passions). Il peut mener à des pensées particulièrement sombres, notamment celles de vouloir « tout abandonner ». Ce syndrome, bien qu’encore tabou, est de plus en plus étudié par les spécialistes.
Les chiffres montrent que près de 10 % des parents se déclarent « au bord du craquage », tandis que beaucoup d’autres n’osent pas encore mettre de mots sur leur souffrance.
Briser le silence, une étape plus qu’essentielle pour aller mieux
Admettre qu’on ne supporte plus sa vie de maman est une démarche courageuse. Cela ne signifie pas qu’on n’aime pas ses enfants ou qu’on est une « mauvaise mère ».
En parler à un proche, consulter un thérapeute, ou encore rejoindre des groupes de soutien sont autant de solutions pour briser l’isolement.
Certaines plateformes en ligne, comme des forums dédiés ou des réseaux sociaux bienveillants, permettent également de partager son expérience sans crainte de jugement. Échanger avec d’autres mères traversant des difficultés similaires peut aussi offrir un réconfort précieux.
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Petit témoignage pour vous aider
Je vais vous donner mon expérience personnelle sur le sujet. Il y a deux ans, j’accueillais ma fille. J’ai eu le baby blues et j’en avais marre de ma vie de maman. Et, je pensais être seule dans ce cas, et être une mauvaise mère pour penser ainsi.
Mais, au détour d’une conversation avec deux inconnues, j’ai finalement compris que je n’étais pas seule. Elles aussi avaient même parfois l’impression de ne plus vouloir de leur enfant, malgré un amour inconditionnel pour lui.
Et, elles aussi étaient parfois au bord de l’implosion, entre larmes et fatigue extrême. Nous sommes toutes concernées à un moment ou un autre de notre vie par ce mal-être et cet épuisement.
Vers une parentalité déculpabilisée pour vivre sa vie de maman
Une des clés pour mieux vivre sa parentalité est d’apprendre à s’écouter. Non, ce n’est pas grave si votre enfant n’est pas parfait et si vous n’êtes pas parfaite. Ce n’est pas grave non plus si vous loupez de 20 minutes l’heure du coucher.
Cela peut passer par des gestes simples mais essentiels, comme déléguer certaines tâches, prendre du temps pour soi, ou encore fixer des limites claires avec ses enfants. Se réapproprier sa vie personnelle ne signifie pas abandonner son rôle de parent, mais rétablir un équilibre.
De plus, s’entourer des bonnes personnes est également important. Un conjoint à l’écoute, une famille prête à offrir du soutien, ou encore des amis compréhensifs peuvent faire toute la différence. Et si ces appuis manquent, il est toujours possible de se tourner vers des professionnels ou des associations.
Comme tout rôle, celui de parent est rempli de défis, de frustrations, mais aussi de joies. Ce qui compte, c’est de ne pas rester seule face à ses difficultés et de se rappeler que demander de l’aide est une preuve de force, non de faiblesse. Dire « Je ne supporte plus ma vie de maman » n’est pas un échec, cela arrive et cela passera.
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