Avez-vous déjà ressenti une certaine tension lors d’un dîner familial avec votre belle-mère ? Ou vous êtes-vous retrouvé(e) à marcher sur des œufs, redoutant une remarque ou un malentendu ? Toutefois, soyez rassurés. La relation entre belles-mères et belles-filles (ou belles-mères et gendres, même si moins fréquent) est l’une des dynamiques familiales les plus complexes. Elle est également universelle. De toute évidence, la perception négative des belles-mères ne date pas d’hier. L’historien Francis Joannes a découvert des proverbes sur les belles-mères remontant à plus de 4 000 ans, dans la civilisation mésopotamienne.
Au fil des générations, cette relation a souvent été caricaturée comme conflictuelle, avec des stéréotypes bien ancrés. Pourtant, derrière ces clichés se cachent des causes bien réelles et profondément enracinées dans nos émotions, nos rôles familiaux et notre culture.
Mais alors, pourquoi cette relation est-elle si souvent source de tensions ? Quels mécanismes psychologiques et sociaux entrent en jeu ? Et surtout, comment peut-on désamorcer ces conflits pour construire une relation plus sereine ?
Sommaire
Les origines des tensions : entre psychologie et histoire
La rivalité émotionnelle et l’instinct protecteur
Les tensions entre belles-mères et belles-filles trouvent souvent leur origine dans un phénomène naturel. La belle-mère peut ressentir, consciemment ou non, une forme de rivalité émotionnelle avec la belle-fille. Cette dernière est perçue comme la nouvelle figure centrale dans la vie de son enfant (souvent un fils), ce qui peut engendrer un sentiment de remplacement. Ce phénomène, bien qu’inconscient, peut amener une belle-mère à adopter un comportement intrusif ou critique. Ça, c’est la raison standard, celle qu’on connaît tous dans la tendance de psychologie de comptoir.
Pour aller plus profondément dans l’explication de leur attitude, nous pouvons mentionner l’instinct protecteur maternel. En effet, ce dernier joue également un rôle clé. L’amour maternel peut s’exprimer sous forme de conseils insistants, voire d’interventions non sollicitées. Ceci peut, cependant, être perçu comme des ingérences dans l’intimité du couple. La belle-fille, cherchant à établir son propre espace familial, peut se sentir étouffée ou jugée.
Héritage socioculturel et rôle traditionnel
Historiquement, dans les sociétés patriarcales, les belles-mères occupaient un rôle central dans les décisions familiales. Ce cas est particulièrement présent en Asie, en Afrique et dans certaines régions d’Europe. Ces traditions, bien que moins courantes dans les sociétés modernes, laissent encore des traces. Des attentes implicites persistent autour du rôle des belles-mères, souvent vues comme des figures d’autorité ou de contrôle.
De l’autre côté, la belle-fille cherche généralement à s’émanciper et à construire son propre foyer. Nul doute que tout ce conflit d’intérêts peut provoquer des chocs culturels ou générationnels. Ces tensions reflètent une lutte implicite pour l’équilibre des pouvoirs au sein de la famille élargie.
Cette situation est bien mise en valeur par Deborah M. Merrill, sociologue et auteure de « Mothers-in-Law and Daughters-in-Law: Understanding the Relationship and What Makes Them Friends or Foe ». Elle a mis en lumière le fait que les tensions naissent souvent d’un déséquilibre de pouvoir. Les belles-mères cherchent à préserver leur influence sur leur fils, tandis que les belles-filles souhaitent établir leur autorité dans le foyer.
Une psychologue répond sur le micro d’Europe 1 dans cette vidéo, évoquant ce problème intemporel :
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L’impact des stéréotypes sur la perception des belles-mères
Les stéréotypes autour des belles-mères, loin d’être une invention moderne, se sont forgés au fil des siècles. Ils sont influencés par les évolutions culturelles, sociales et littéraires. Honoré de Balzac, par exemple, a contribué à immortaliser l’image péjorative des belles-mères à travers plusieurs de ses œuvres. Dans Le Contrat de mariage (1835), il dépeint une belle-mère arriviste et manipulatrice qui orchestre l’exploitation de son futur gendre.
Plus tôt, dans son essai Physiologie du mariage (1829), il écrivait cette phrase devenue proverbiale : « Avoir sa belle-mère en province quand on demeure à Paris et vice-versa, est une des fortunes qui se rencontrent toujours trop rarement. » Ces écrits illustrent une perception déjà bien ancrée au XIXe siècle.
À cette époque, le mode de vie des familles évolue. Plusieurs générations cohabitent sous un même toit, et les rôles genrés accentuent les tensions. Le beau-père, actif dans la sphère publique, jouit d’une certaine reconnaissance. La belle-mère, confinée au domaine familial, dépend de cette cellule pour exister. « Beaucoup de belles-mères ont besoin de la cellule familiale pour survivre », explique Yannick Ripa, historienne et auteure de L’Étonnante histoire des belles-mères.
De plus, les belles-mères sont souvent des veuves potentielles, à la charge de leurs enfants dans un contexte où les retraites n’existent pas. Cette dépendance économique alimente parfois des rivalités, notamment avec la belle-fille, autour de la gestion du foyer.
Les stéréotypes s’intensifient à la fin du XIXe siècle, lorsque le divorce est légalisé en 1884. Cette loi, couplée à la liberté de la presse, donne naissance à une véritable campagne de dénigrement médiatique. Les journaux satiriques et les cartes postales fantaisistes de la Belle Époque se délectent de caricatures de belles-mères au langage acerbe, aux traits masculins ou menaçants.
Ce que disent les recherches scientifiques à ce sujet
Les études sur les dynamiques familiales confirment que les tensions entre belles-mères et belles-filles sont courantes, mais pas insurmontables.
Une étude menée par le Dr Koenig Kellas, chercheuse et enseignante sur la communication interpersonnelle, familiale et sur la santé à l’Université de Nebraska, a révélé des résultats parlants. Les malentendus entre belles-mères et belles-filles sont souvent dus à des messages flous ou ambigus. Par exemple, une belle-mère qui offre des « conseils » sur l’éducation des enfants peut être perçue comme critique. Par conséquent, même si l’intention est bienveillante, cela n’est pas bien accueilli de l’autre côté.
Une autre étude publiée dans The Journals of Gerontology (2018) montre que les tensions sont souvent exacerbées lorsque les belles-mères vivent à proximité du couple. Plus les interactions sont fréquentes, plus les risques de conflits augmentent.
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Conseils pratiques pour améliorer la relation
Malgré les tensions fréquentes, il est tout à fait possible d’améliorer la relation entre une belle-mère et une belle-fille. Voici quelques conseils concrets :
Clarifiez les attentes et établissez des limites. Les couples doivent définir des limites claires avec leurs parents respectifs. Et cela est notamment très important sur des sujets sensibles comme l’éducation des enfants ou les finances. Par exemple, une belle-mère qui s’invite souvent sans prévenir pourrait être invitée à discuter au préalable avec le couple.
Misez aussi sur la communication. Les belles-mères et belles-filles doivent privilégier une communication ouverte et respectueuse. Pour ce faire, évitez tout jugement avant la conversation et écoutez. Cherchez à comprendre les motivations de l’autre.
Créez des moments de qualité si vous le souhaitez et si vous en avez envie (surtout). Vous pouvez, par exemple, passer du temps ensemble dans un contexte neutre. Ce genre d’interaction permet d’apprendre à mieux se connaître et à dépasser les préjugés.
Restez bienveillant et empathique ! Il est essentiel de comprendre que les comportements parfois intrusifs d’une belle-mère découlent souvent d’un désir de rester impliquée dans la vie de son enfant. Si vous êtes déjà parent, ne feriez-vous pas de même ? Il est sûr, qu’avec le recul et n’ayant pas une situation parfaite avec votre belle maman, vous ne feriez pas tout pareil. Toutefois, vous le savez au fond de vous que c’est vrai. Vous ne pouvez pas complètement lâcher votre enfant, même s’il est déjà marié. Faites-le seulement avec discernement et avec les leçons reçues.
Ce n’est pas une fatalité… ou sinon : restez pacifiste.
La relation avec les belles-mères, souvent compliquée, est influencée par des facteurs psychologiques, culturels et familiaux. Pourtant, ces tensions ne sont pas une fatalité. Grâce à une meilleure communication, à des limites claires et à une dose de bienveillance, il est possible de transformer cette dynamique en une relation plus harmonieuse. Après tout, une belle-mère et une belle-fille partagent un objectif commun : le bonheur du fils et du mari. Avec un peu d’effort de chaque côté, le mari inclus, cette relation peut devenir une source de soutien mutuel plutôt qu’un sujet de conflit.
Sinon, si rien ne semble marcher et que la relation devient toxique pour votre bien-être, prenez vos distances. Cela n’a rien de mauvais si vous avez fait en sorte que la relation soit saine. Faites-le seulement dans le respect de l’autre et de vous-même. Et puis sachez que, dans la majorité des cas, tout le monde souffrira si la guerre est totalement déclarée entre une belle-mère et une belle-fille.
La vidéo suivante explique la situation du « je ne supporte pas sa famille. » :
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