Lorsqu’on pense congé maternité, l’image qui vient est souvent celle d’un parcours balisé : arrêt de travail, indemnités versées, retour progressif. Mais pour les femmes auto-entrepreneures en France, c’est une toute autre histoire. Environ 1 femme sur 10 en âge de procréer est aujourd’hui indépendante, selon l’Insee, et pourtant, le droit au congé maternité adapté à ce statut reste encore méconnu, fragile, souvent semé d’embûches. Comment ça se passe le congé maternité en auto-entrepreneur ? On en parle.
🚼 L’accès au congé maternité en tant qu’auto-entrepreneur
Contrairement aux idées reçues, les auto-entrepreneurs ne sont pas exclus du dispositif de congé maternité. Elles peuvent percevoir une indemnité journalière ainsi qu’une allocation de repos maternel.
Toutefois, ces aides ne tombent pas du ciel. Il est indispensable d’être affiliée depuis au moins dix mois avant la date présumée d’accouchement.
De plus, l’activité doit être réelle : il faut avoir généré un chiffre d’affaires minimal au cours des douze derniers mois, correspondant à 10 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit environ 4 666 euros en 2025. L’absence de revenus déclarés, même ponctuelle, peut entraîner un refus pur et simple d’indemnisation.
Cette exigence laisse sur le carreau un grand nombre de femmes, notamment celles qui créent leur activité en cours de grossesse, ou celles dont l’activité est saisonnière et connaît des périodes creuses.
➡️ Autrement dit, pas de chiffre d’affaires, pas de congé maternité indemnisé. L’indépendance se paie cher.
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🚼 Des indemnités de maternité, mais à quel prix ?
Le montant de l’allocation de repos maternel tourne autour de 3 925 euros pour une naissance simple en 2025, un peu plus en cas de naissances multiples. Cette somme est versée en deux temps, une première moitié avant la naissance, l’autre après.
À cela s’ajoute une indemnité journalière d’interruption d’activité de 64,35 euros par jour, attribuée sous réserve d’une cessation complète d’activité. L’auto-entrepreneur doit cesser tout travail effectif pendant la durée de son congé, sans quoi elle risque la suspension du versement.
La durée théorique du congé maternité est de 112 jours, soit seize semaines. Cela comprend six semaines avant la date prévue de l’accouchement et dix semaines après. Mais beaucoup d’auto-entrepreneures n’ont pas la possibilité économique d’interrompre leur activité aussi longtemps.
Certaines optent pour un congé réduit au minimum légal de huit semaines, souvent faute de trésorerie suffisante pour couvrir leurs charges personnelles et professionnelles.
🚼 Les démarches à effectuer : un parcours du combattant
Pour obtenir ces aides, il ne suffit pas d’être enceinte. Les démarches administratives sont lourdes et leur non-respect peut entraîner la perte totale des droits.
La grossesse doit être déclarée à la Caisse primaire d’assurance maladie dans les 14 premières semaines, accompagnée d’un certificat médical mentionnant la date présumée d’accouchement. Il faut également formuler une demande spécifique d’arrêt de travail maternité pour déclencher l’indemnisation.
La rigueur est de mise : toutes les déclarations de chiffre d’affaires, justificatifs de paiement et factures doivent être soigneusement conservés. En cas de contrôle ou de doute, la CPAM peut demander des pièces supplémentaires, et l’absence d’un simple document peut suffire à faire sauter tout droit aux prestations.
De plus, les délais de traitement par les caisses peuvent être longs. Certaines entrepreneures rapportent des attentes de plusieurs semaines avant de voir leur dossier pris en charge. Une situation qui oblige à anticiper au maximum et à se constituer une trésorerie suffisante en amont pour éviter les trous de revenu critiques.
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🚼 Naissance prématurée, arrêt pathologique : quelles possibilités d’extension ?
Le régime prévoit des adaptations spécifiques en cas de complications médicales. Si la naissance survient plus de six semaines avant la date prévue et entraîne l’hospitalisation de l’enfant, la durée du congé postnatal est prolongée d’autant de jours que durera l’hospitalisation.
Il est également possible, en cas de grossesse pathologique, d’obtenir un arrêt pathologique supplémentaire de quatorze jours avant le congé maternité classique.
Mais là encore, rien n’est automatique : le bénéfice de ces extensions nécessite une demande spécifique accompagnée de certificats médicaux détaillés. Une fois encore, la charge administrative repose entièrement sur les épaules de l’auto-entrepreneure.
🚼 Le congé maternité de l’auto-entrepreneur : un droit encore très fragile
Sur le papier, l’égalité d’accès au congé maternité semble acquise. Dans la réalité, elle reste très relative. Une étude menée par l’Union des Auto-Entrepreneurs révèle que seules 40 % des entrepreneures perçoivent effectivement un congé maternité complet.
Les autres, par manque d’activité suffisante ou épuisement face à la complexité administrative, doivent continuer à travailler pendant leur grossesse ou reprendre bien avant la fin de leur congé théorique.
À cela s’ajoute une pression financière difficile à ignorer. Pour beaucoup, l’arrêt complet d’activité sans complément financier est tout simplement irréaliste. Alors, de nombreuses entrepreneures préfèrent jongler entre commandes et fatigue plutôt que de tout arrêter.
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🚼 FAQ : tout ce que les auto-entrepreneures doivent savoir
Non. Pour percevoir l’indemnité journalière, l’auto-entrepreneure doit interrompre totalement son activité professionnelle. Toute mission exécutée pendant le congé peut entraîner la suspension des versements.
Oui, mais uniquement pour des prestations réalisées avant le début officiel du congé maternité. Il est strictement interdit de produire du travail nouveau durant la période indemnisée.
Dans ce cas, la règle veut que l’activité principale détermine le régime de maternité applicable. Si l’emploi salarié est majoritaire, c’est la convention du salariat qui prime, offrant en général une meilleure protection financière.
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