Le lisier permet d’obtenir des matières organiques et minérales très fertilisantes pour l’amendement des terres agricoles. Il est généralement conservé dans un réservoir spécialement conçu pour faciliter la fermentation des déchets, la fosse à lisier. Une fosse à lisier mal conçue ou mal entretenue peut toutefois exposer les travailleurs de l’exploitation agricole à des risques de santé très graves. Quels sont ces risques ? Comment les éviter efficacement ? Cet article apporte quelques réponses.
Qu’est-ce qu’une fosse à lisier ?
La fosse à lisier est une installation enterrée ou semi-enterrée de stockage des déchets organiques provenant des excréments liquides et solides des animaux de la ferme. Ces déchets sont mélangés à de la litière absorbante. La fosse à lisier reçoit aussi les refus d’alimentation et les eaux usées issues du lavage dans les différents bâtiments de l’exploitation agricole. Les déchets de la fosse à lisier passent obligatoirement sous la forme liquide pour le processus de décomposition.
Dans certains cas, la fermentation des déchets permet la production de biogaz. Toutefois, le lisier est majoritairement utilisé pour fabriquer de l’engrais naturel à épandre sur les terres agricoles pour favoriser un meilleur rendement.

Les risques à prendre en compte
Le principal risque lié à la présence d’une fosse à lisier dans un bassin agricole concerne l’émanation de gaz dangereux et potentiellement mortels. Pour éviter cela, l’exploitant agricole peut investir dans une bâche de fosse à lisier pour sécuriser son site et protéger les travailleurs. Le textile de couverture de fosse à lisier permet d’éviter le dégagement des odeurs nauséabondes dans la zone concernée. La bâche permet aussi d’éviter les infiltrations d’eau de pluie qui peuvent dégrader la qualité du lisier et faire déborder la fosse.
Il est vivement recommandé de s’adresser à une société spécialisée, expérimentée et dument certifiée qui respecte des normes de sécurité approuvées par les autorités nationales ou internationales compétentes. C’est la garantie d’acheter une bâche sur mesure qui aura une excellente durabilité et de bonnes performances. Les meilleurs modèles de bâches pour fosses à lisier sont réalisés en toile PVC précontraint traitée anti-UV et sont dotés de sangles de tension soudées à la toile. Ils sont ainsi optimalement protégés contre les risques de déchirure, de rupture ou d’abrasion par frottement lié au vent, etc.
Sans une couverture résistante et efficace, la fosse à lisier dégage de nombreux gaz qui peuvent intoxiquer les humains ou le bétail en cas d’exposition prolongée dans un environnement clos et mal ventilé. Lorsque le lisier est manipulé (pompage, transfert, vidange, entretien et réparation de l’installation, brassage, etc.), certains gaz emprisonnés peuvent être brusquement libérés. Ceci occasionne une augmentation rapide et trop importante du niveau de polluants dans l’air ambiant. La décomposition du lisier libère principalement de l’ammoniac, du méthane, du dioxyde de carbone et de l’hydrogène sulfurisé.
Les dangers du sulfure d’hydrogène (H2S)
L’odeur de ce gaz est semblable à celui des œufs pourris. Plus lourd que l’air, il a tendance à s’accumuler au fond de la fosse à lisier. Il est le plus dangereux en matière de gravité ou de permanence des symptômes après inhalation. La « partie par million » (ppm) caractérise le nombre de molécules d’un polluant que l’on trouve sur un million de molécules d’air. Une exposition brusque à une concentration entre 10 et 200 ppm de H2S peut occasionner des nausées, des vertiges, des étourdissements, des convulsions ou encore des troubles respiratoires.
À plus de 500 ppm, le travailleur exposé risque de perdre conscience en quelques secondes. Lorsque l’on dépasse les 1000 ppm, l’inhalation du gaz peut paralyser les voies respiratoires et entrainer la mort de l’individu. Les personnes ayant survécu à une intoxication au H2S peuvent développer des séquelles permanentes en cas de dommages irréversibles : troubles de l’irritabilité, déficits moteurs, troubles de la cognition, perturbation du sens de l’odorat, etc.
Les dangers du dioxyde de carbone (CO2)
Le CO2 (plus lourd que l’air) produit par la fosse à lisier s’échappe aussi brusquement quand les déchets sont manipulés. L’augmentation de sa concentration dans l’air diminue la concentration d’oxygène nécessaire aux échanges gazeux respiratoires chez l’homme. Quand l’oxygène se fait très rare (moins de 40 000 ppm), la personne perdra rapidement conscience et risque même de mourir. L’exposition prolongée à une grande quantité de CO2 sans protection adéquate peut occasionner aussi des troubles respiratoires et visuels graves ou un coma profond.
Les dangers du méthane (CH4)
Même s’il n’est pas toxique, le méthane demeure un gaz asphyxiant assez puissant. Lorsque sa concentration dépasse 5 000 ppm, il peut représenter un danger pour l’homme. Plus léger que l’air, ce gaz incolore et inodore se déplace vers le haut de la fosse à lisier. Très inflammable, il peut occasionner des incendies quand une trop grande quantité de méthane se mélange à l’air dans un environnement clos (entre 50 000 ppm et 1 540 000 ppm). Même en petite quantité, ce gaz peut s’enflammer si un travailleur approche une flamme près de la fosse.
Les dangers de l’ammoniac (NH3)
À de faibles concentrations aériennes, l’ammoniac peut irriter la peau, les yeux et les voies respiratoires quand le travailleur non protégé est longuement exposé. Quand la concentration dépasse 400 ppm, une exposition de quelques minutes peut entrainer de graves difficultés respiratoires.
VOIR AUSSI : Qu’est-ce que l’éthanol et à quoi ça sert ? Carburant, alcool, chimie…
Quelles précautions prendre pour éviter des accidents graves ?
Pour s’assurer qu’une fosse déjà construite est bien conforme aux règles de sécurité ou sécuriser convenablement une nouvelle installation, il est possible de se faire accompagner par les services spécialisés de la Chambre d’Agriculture de votre département. Il est aussi possible de solliciter les services d’un bureau d’études indépendant reconnu dans le domaine du conseil/accompagnement technique/inspection lié à l’exploitation des infrastructures de gestion du lisier. Un système de stockage sécuritaire doit disposer principalement :
- d’un garde-corps, d’un couvercle ou d’une couverture PVC solide pour les fosses en béton enterrées (pour éviter les chutes accidentelles dans les structures d’entreposage ou éviter l’échappement des gaz dangereux),
- des équipements de pompage et d’agitation qui peuvent être manipulés sans avoir à entrer dans la fosse à lisier,
- d’un système de contrôle permanent de l’étanchéité de la fosse,
- d’équipements d’aménagement antidéflagrants pour limiter les risques d’explosion et d’incendie,
- de systèmes de verrouillage et de protection performants pour éviter les retours des gaz de lisier vers les bâtiments clos attenants.
Les fosses à ciel ouvert doivent être protégées par une clôture de sécurité permanente de 1,5 m de hauteur minimum, avec éventuellement des loquets au niveau des portes pour éviter l’intrusion des animaux. Pour les fosses semi-enterrées ou hors sol, l’acier renforcé est la seule alternative efficace si l’exploitant agricole ne veut pas utiliser une structure en béton.
Il est aussi recommandé d’installer des panneaux d’affichage bien visibles non loin de la fosse à lisier pour informer sur le risque d’intoxication par les gaz mortels. L’affiche doit aussi mentionner quelques précautions de sécurité à prendre pour les personnes non averties qui s’aventurent dans la zone. Par exemple, il doit être interdit de fumer dans les bâtiments à proximité de votre structure d’entreposage du lisier.
VOIR AUSSI : Les pesticides : un risque peu connu des agriculteurs
Y a-t-il des actions d’entretien à respecter pour une fosse à lisier ?
Il est vivement recommandé de réaliser une inspection préventive de la fosse à lisier au moins une fois par an. Cela doit se passer normalement après la vidange du réservoir. Le technicien aura entre autres à :
- vérifier la présence ou non de fissures au niveau de la structure en béton,
- inspecter l’état des canalisations et des tuyaux pour l’arrivée et le transfert des déchets liquides,
- vérifier l’état des pompes,
- analyser la fiabilité des clôtures de sécurité.
Si la fosse est connectée à un dispositif de méthanisation produisant du biogaz, l’inspection d’entretien doit obligatoirement concerner les deux infrastructures. Quand une défaillance est constatée, le technicien saura appliquer les solutions nécessaires avant que le problème ne s’aggrave. Tous les travaux d’entretien de fosse à lisier doivent être idéalement confiés à une entreprise spécialisée qui dispose d’intervenants convenablement formés sur le travail en présence de gaz inflammables, asphyxiants ou toxiques. Les professionnels de l’entretien des structures de stockage du lisier disposent du matériel complet de protection individuelle nécessaire pour une intervention sécurisée et efficace.
NuMedia est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :






